Top à Sam Peckinpah

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Manolito
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Top à Sam Peckinpah

Message par Manolito »

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Quatre de ses films vont ressortir en salles au mois de septembre (Major Dundee, La horde sauvage, Guet-apens, Croix de fer) et une intégrale aura lieu à la cinémathèque au même moment, blindée de raretés télévisuelles !

http://www.cinematheque.fr/cycle/sam-peckinpah-87.html

L'occasion est excellente de concocter ce petit thread de culture générale, avec un top à ce maître du cinéma hollywoodien 70s, en particulier du western, un réalisateur tête de mule et talentueux, si controversé et aimé...


1961 : New Mexico (The Deadly Companions) : après une période de formation télévisuelle, Peckinpah accède à la réalisation cinéma avec ce premier western, mettant en scène Maureen o'Hara, légendaire égérie fordienne, et Brian Keith (Cher Oncle Bill !). Un western mineur de chez mineur, mais pas désagréable. 6/10


1962 : Coups de feu dans la Sierra (Ride the High Country) : on attaque les choses sérieuses, avec le premier chef-d'oeuvre, western superbe, grandiose, hyper classe, magistral, mettant en vedette deux stars vieillissantes du genre : Joel McCrea et Randolph Scott... Nous sommes dans le drame crépusculaire, le western adulte, avec un scope magnifique et les moyens importants de la MGM. Dès son second film, Sam Peckinpah n'a plus rien à prouver ! 9/10

1965 : Major Dundee : Ca se complique avec ce western Columbia, dont le budget et l'organisation sont modifiés en cours de tournage au grand déplaisir de Peckinpah, qui ne peut pas terminer le métrage comme il l'entend, tandis que son montage est sérieusement retravaillé sans son accord. L'histoire est intéressante (un officier nordiste doit mener une troupe de soldats du Nord et du Sud pour poursuivre des apaches durant la guerre civile). L'ambiance déliquescente est intéressante, mais le rythme et le déroulement de "Major Dundee" sont bizarres, inégaux. Un film boiteux... 6/10

1969 : La Horde sauvage (The Wild Bunch) : le grand classique du cinéma d'aventures, avec une brochette spectaculaire de vedettes de l'âge d'or d'Hollywood : William Holden, Robert Ryan, Ernest Borgnine, Ben Johnson... Les scènes de violence au ralenti prolongent et transcendent les innovations de "Bonnie & Clyde" et font exploser les limites de la censure hollywoodienne, qui va devoir complètement repenser ses classifications avec la sortie de ce titre, de "La nuit des morts-vivants" ou de "Midnight Cowboy". Ces séquences deviendront la marque de fabrique de Peckinpah et auront une influence déterminante sur le cinéma d'action à venir. Vu et revu plein de fois, un peu trop sans doute, le film de la légende Peckinpah. 8/10

1970 : Un nommé Cable Hogue (The Ballad of Cable Hogue) dégagé de toute obligation commerciale, Peckinpah se lâche pour ce western expérimental complètement fou, paillard et poétique, mélancolique et burlesque, grand rôle pour le grand Jason Robbards. Peckinpah à son sommet, au-delà des clichés. 9/10

1971 : Les Chiens de paille (Straw Dogs) : les expérimentations continuent avec ce classique du cinéma d'action violent, où Peckinpah fait collaborer trois monteurs. "Les chiens de paille" s'avère une somme technique absolument fascinante du premier au dernier plan. L'ambiance glauque du village écossais reste mémorable de tension. La dernière fois que je l'ai vu, j'ai eu un peu de mal avec le côté Rambo de la fin et le machisme suintant de certains passages. 7/10

1972 : Junior Bonner, le dernier bagarreur (Junior Bonner) : en 1972, Peckinpah tourne deux films avec Steve McQueen. Pas de violence ici, mais l'histoire simple d'un cowboy de rodéo de nos jours. Photo magnifique, montage étourdissant comme toujours, personnages touchants, ton plus léger. Une réussite discrète, mais une réussite tout de même ! 7/10

1972 : Guet-apens (The Getaway) : on a ici un film complètement à la gloire de McQueen, polar violent, classe, parfois expérimental. Un peu creux aussi, un film assez commercial pour moi, avec encore une photo de folie, mais je n'accroche pas trop. Un bon spectacle du samedi soir cela dit... 6/10

1973 : Pat Garrett et Billy le Kid (Pat Garrett & Billy the Kid) : les choses sérieuses reprennent, avec ce western s'attaquant à une légende du grand ouest, Billy the Kid. Je l'ai vu il y a plus de 20 ans, bon souvenir, mais très flou. A revoir ! 7/10

1974 : Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia (Bring Me the Head of Alfredo Garcia) : Un Peckinpah en liberté avec des moyens plus modeste, un Warren Oates en vedette, un thriller très expérimental, très abouti, déglingué à souhait. Magistral ! 9/10

1975 : Tueur d'élite (The Killer Elite) : on attaque la descente, avec une fin de carrière qui devient difficile, des projets a priori plus modestes ou bizarres. "Tueur d'élite" est un thriller contemporain qui commence très bien, puis s'encroute, et termine avec des bagarres de ninjas au ralenti discutables. Vraiment passable... 5/10

1977 : Croix de fer (Cross of Iron) : une curieuse production allemande tournée en Yougoslavie avec une distribution internationale impressionnante (dont James Mason, James Coburn, Maximilian Schell...), un des rares films d'un réalisateur hollywoodien sur le front est durant la seconde guerre mondiale - et qui plus est du point de vue allemand ! Avec un souci d'authenticité rare pour un film de cet époque (sa charge de tanks russes T34 mémorable !). Un grand film, un classique du cinéma de guerre ! "Je vous montrerai où poussent les croix de fer !" 8/10

1978 : Le Convoi (Convoy) : retour à Hollywood pour un métrage d'action beauf, tendance "Cours après moi shérif". Peckinpah ne participe pas vraiment au montage du film, qui à l'arrivée est un échec artistique triste. 5/10

1983 : Osterman week-end (The Osterman Weekend) : un curieux thriller politique clôt la filmo du grand Sam, avec une distribution internationale, une ambiance paranoïaque, des images nocturnes marquantes. Un film bizarre, mais convaincant quand même. Sam part la tête haute ! 7/10

A vous les cinéphiles ! :)
bluesoul
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Re: Top à Sam Peckinpah

Message par bluesoul »

Peckinpah? Ouch! :shock:

Toute honte bue, je dois avouer qu'a part Osterman Week-end (vu au cine a l'epoque) et une resortie dans les annees 90s, (1) je ne le connais que des diffusions TV et (2), ce n'est que grace a une diffusion TV de la Horde Sauvage dans les annees 80s que j'ai commence a lier les pointilles de sa filmo... :oops:

Major Dundee (1965): aucun souvenir, a part qu'en cours de recre le lendemain de la diff' TV, on etait sous le choc du massacre et des viols. :shock: Decidemment, John Wayne devait deja etre soit mort, soit mal en point. A revoir.

The Wild Bunch (1969): decouvert a la teloche, donc et...eletrochoc! :shock: :shock: :shock: C'est (le western selon) John Wayne qui se fait plomber dans le film et les ricains se mettent au western spaghetti. Chef-d'oeuvre! 8))

Cable Hogue (1970): partant toujours de l'imagerie des westerns "traditionnels", un film atypique, poetique, contemplatif. Donc, quelque part en porte-a-faux des habitude du real. A revoir.

Straw Dogs (1971): sur ma liste des "a voir" depuis (trop) longtemps! :oops:

Junior Bonner (1972): comme Cable Hogue, mais a l'epoque, entre du non-John Wayne et du non-spaghetti, le western n'a pas pris. A re-decouvrir.

Getaway (1972): sans doute (devant Wild Bunch), le Peckinpag que bibi a vu le plus. Efficace, carre, mais aussi un peu gratuit et servant la soupe a McQueen. Comme le sieur Lito, du cinoche de Samedi soir. :wink:

Pat Garrett and Billy the Kid (1973): zero souvenir. A revoir donc.

Bring me the Head of Alfreddo Garcia (1074): poisseur, limite glauque, ultra-violent et nihiliste. Bref, du Peckinpah pur-jus! 8)) 8)) 8))

The Killer Elite (1975): vu sur A2 il y a bien 30 ans, souvenir (tres flous) de fusillades qui bizarrement ne "prenaient pas" vraiment, d'une intrigue tarabiscotee et de ninja (ricains?) pas credibles. Envie de le revoir pour Sam.

Cross of Iron (1977): decouvert et souvent revus sur les chaines teutonnes. Peckinpah narre la guerre du point de vue des perdants, et a posteriori, on retrouve beaucoup de Sam dans Rolf Steiner; un mec droit dans ses bottes membre d'un "systeme" qu'il deteste, mais dans lequel il essaye de rester lui-meme. Ici, Steiner effectue les salles besognes pour sa hierarchie, mais tout en essayant de rester "humain", de limiter les degats de part et d'autres. Lorsqu'il se retrouve en presence d'un obsede de la gloriole, pret a tout et tous sacrifie, ca ne peut qu'exploser. Chef-d'oeuvre! 8))

Convoy (1978): beaucoup aime a l'epoque (faut dire que bibi etait dans sa periode "Smokey and the Bandit"). Au-dela et entre CB, ambiance poid-lourds et final au canon, c'est quand meme un peu n'importe quoi. §£ Tiens, ca passerait mieux comme...justement un episode de la serie avec Reynolds, je dirais. A revoir, car sans doute un plaisir coupable... :oops:

Osterman Weekend (1983): une intrigue tarabiscotee (le roman est pire, je crois me rappeller), des scenes efficaces et bien filmee, mais on sent un etrange melange entre film de guerre froide et actioner qui privilegie la forme sur le fond. A voir une fois tous les 30 ans. Tiens? C'est justement l'heure? :wink:

Bref, bibi aime bien Sam, meme si nos chemins ne se croisent que plutot rarement.

A vrai dire, il est difficile de dire qui Sam aime, lui? Il aura reussi a se friter avec: les producteurs, les scenaristes, les acteurs, ses epouses (je crois qu'il en a eu plusieurs), les critiques et sans doute aussi les spectateurs--enfin, certains d'entre-eux.

Il laissera l'image d'un extremiste, qui se fout d'etre aime ou non, sorte d'electron libre ou cineaste "anar" en guerre constante avec le "systeme", trouvant sa signification de son existence dans l'affrontement. Peut-etre un mec qu'on ne "peut pas aimer", et justement a cause de ca...qui force le respect.

Comme d'autres, beaucoup d'autres, Sam, j'irais cracher sur ta tombe...une larme a l'oeil...? :wink:
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
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Re: Top à Sam Peckinpah

Message par Manolito »

J'ai découvert Peckinpah en fait assez tardivement. J'avais vu "Pat Garret..." très jeune, et après ne m'y était pas beaucoup intéressé. Je n'en ai vu que deux en salles, "Les chiens de paille" (dans la grande salle du Grand Action) et "Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia" (au Grand Action ou au Desperado, je ne sais plus...).

Je n'ai jamais vraiment adhéré à la théorie voulant que Peckinpah a transposé le western spaghetti au cinéma américain. Certes, l'influence de Leone est importante pour l'augmentation de la violence dans les westerns, mais à part ça, j'ai toujours été un peu sceptique. J'y vois plutôt la prolongation de certains francs-tireurs de la série B US comme Arthur Penn, Don Siegel ou surtout Robert Aldrich (mais celui-ci ayant aussi pas mal anticipé sur le western spaghett...i)...
bluesoul
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Re: Top à Sam Peckinpah

Message par bluesoul »

Je n'ai jamais vraiment adhéré à la théorie voulant que Peckinpah a transposé le western spaghetti au cinéma américain. Certes, l'influence de Leone est importante pour l'augmentation de la violence dans les westerns, mais à part ça, j'ai toujours été un peu sceptique. J'y vois plutôt la prolongation de certains francs-tireurs de la série B US comme Arthur Penn, Don Siegel ou surtout Robert Aldrich (mais celui-ci ayant aussi pas mal anticipé sur le western spaghett...i)...
Pas faux. C'est peut-etre avant tout une question de dates (de sortie des Leone aux USA).

Il y a aussi quelque chose de fondamentalement different entre Peckinpah et le western-spaghetti. Les italiens pratiquent l'hyperbolique, l'humour noir, le message politique (generalement de gauche), il y a une violence ouverte et "dans ta g...", mais a force de grossir le trait (visages mal-rases et suintants de sueurs, soleil et chaleur qui "ecrasent" le decor, un gout du sale, de la crasse, de "gimmicks" tels se trimballer avec un cercueil ou un dollar troue, ou encore de monter de toutes pieces un flingue, etc) ), a partir d'un certain moment le public se distance (peut-etre un reflexe salvateur souligne par un rire nerveux, qui sait)). Quelque part, bibi y voit une peinture cynique et "sale gosse" de certaines realites... :?

Chez Peckinpah, rien de tout ca. Pas d'humour noir (enfin, bibi n'en a pas ressenti, meme dans Alfredo Garcia), juste une peinture sombre et passablement nihiliste de l'homme.

Donne a deux hommes des flingues, ils se tueront. Donne-leur des batons, ils se tueront. Laisse-leur leurs poings, ils se tueront. Les faibles (p.ex. le toubib kidnappe de Getaway ou--potentiellement--l'enseignant de Straw Dogs) mourront.

Les hommes s'entre-tue pour des femmes (Straw Dogs), pour de l'argent--voire pour un cadavre qui vaut de l'argent (Alfredo Garcia), pour survivre (Wild Bunch), a cause d'ordres idiots (Dundee), de medailles inutiles (Cross of Iron).

Si on met le contenu de ses films-phares avec la tendance de Peckinpah a s'auto-detruire a coups de bibine et de coke et de dispute avec tout-le-monde, meme ses amis, je crois qu'on tient un real nihiliste vrai de vrai, et qui boira le vin jusqu'a la lie... :?

Une idee d'un pendant "actuel/contemporain" du bonhomme--je veux dire franc-tireur jusqu'a l'extremisme/radicalite--ou..."on n'en fait plus des comme ca"...?
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
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Re: Top à Sam Peckinpah

Message par Manolito »

La horde sauvage est bien postérieur à la sortie de "Pour une poignée de dollars" aux usa, mais néanmoins, je souscris tout à fait à ce que tu écris sur les différences entre le western spaghetti et et le cinéma de Peckinpah. Le western italien crée une image distanciée, reconstituée et critique de l'histoire américaine, alors que ce n'est pas le propos des films de Peckinpah, qui ont une approche beaucoup plus directe et intérieure du genre. Son premier grand western est "Coups de feu dans la sierra", et il a bien plus à voir avec Ford tendance "Prisonnières du désert" ou le Mann de "L'appât" qu'avec Leone...
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