Pleins Feux sur l'Assassin (1961) de Georges Franju

[comte vonkrolock]

Aucune chronique ni sujet pour cet excellent film d’atmosphère (comme dirais Georges Franju). Étonnant ! Pourtant il le mériterais bien, une belle ambiance gothique, un coté fantomatique.

Le comte de Kerauden, vieil original délaisse par tous depuis longtemps, décide de quitter le monde des vivants et se cache pour mourir. Ses héritiers, prévenus par le médecins, apprennent qu'il leur faudra attendre cinq ans un héritage dont ils avaient bien besoin. Ils imaginent, pour payer les frais d'entretiens du domaine dont ils ont la charge, d'organiser un spectacle son et lumière. Pendant les répétitions, commence une série de morts mystérieuses.

Un film au climat poétique, baigné dans l'ambiance de ce très beaux château qu'on croirait échappé d'une légende. S'est même l'attrait principale de ce film, l'interview (promo) que donna Georges Franju sur ce DVD/BR ne fait aucun doute sur la nature de son métrage. On baigne entre le fantastique et le film d'enquête policière aux travers de ces personnages complétement hanté par ce lieux.

Une petite perle, j'en connaissait le titre mais j'avoue avoir été complétement surpris par la teneur, moi qui pensait qu'il se limiterais à une simple enquête à la Agatha Christie, j'aurais du me douter quand aillant encore une fois le duo Boileau-Narcejac à son service, Georges Franju ne pouvait accouché d'un simple thriller.

Le Bluray est juste parfait autant que l'était les Yeux sans Visage, pas l'ombre d'un défaut s'est propre, le noir et blanc possède un contraste à la hauteur du lieu ou il a été tourné, et donne au film une patine HD réellement à la hauteur, sur ce coup la Gaumont a assurer.

Dommage que la jaquette soit si simpliste.... Et pourquoi avoir colorisé cette séquence ?

[Algor]

Merci Comte.
Ce film m'a tenté à quelques reprises...mais j'hésitais.
Ton texte est très motivant, et je crois que je vais le prendre ce Gaumont, quand j'aurai un petite entrée de fonds.
L'affiche est bien supérieure à la photo minable du blu-ray.

[Superwonderscope]

Un film bien curieux, à mi-chemin entre le jeu et le film de suspense - dont on sent que cela n'intéresse pas vraiment Franju. Qui en fait presque une parodie. la scène où Trintignant sort de l'armoire, avec un dialogue bien simplet, en est la preuve à mon sens. Idem pour la dernière scène, chanson de Brassens à l'appui. C'est clair, Franju se moque de tout cela, de la petite aristocratie de provinceetriquée, du genre même. Peut-être cela a t i créé un malentendu auprès du public et de la critique, expliquant son échec?

L'auteur retrouve ses plans mêlant le bizarre et la poésie, aidé par une petite ritournelle de Maurice Jarre - à l'instar des Yeux Sans Visage. Les corbeaux agressifs, qui reviennent plus d'une fois. les images depuis derrière la glace sans tain, image curieuse d'un mort témoin du fracas. Mais la brillance de la mise en images ne parvient pas à faire oublier les faiblesses d'un scénario quelconque qui recopie Le Dernier Des Six (ou Les Dix petits indiens, au choix). Boileau/Narcejac ne se sont pas foulés, et ce n'est guère que les éléments périphériques à l'histoire qui retiennent l'attention: tout l'appareillage électrico-acoustique et le très beau suspense du "fantôme" qui marche dans les pièces du château, suivi sur le tableau de bord et les lumières qui clignotent. Mais aussi les scènes avec Pierre Brasseur, délicieuse ironie.

C'est marianne Koch qui sort du lot. En femme indépendante, décideuse, perçue de dettes - en même temps le stéréotype de la teutonne qui choisit ses hommes. Inhabituel pour une femme de l'époque - sans u'elle soit du mauvais cote de la loi -mais que les auteurs français faisaient telles pour la femme allemande. Dany Saval m'a quelque peu horripilé en jeune écervelée intrépide aux bonnes idées. Trintignant semble hors sol de tout le monde, avec son interprétation détachée . Image du jeune homme contemporain qui va révolutionner ce petit monde - comme toute l'imagerie du spectacle, par ailleurS.

Le film est court. La revoyure m'a fait pointer plus d'éléments à charge que précédemment, mais je ne boude pas mon plaisir non plus. Ca reste intéressant même si très mineur de la part de Franju.

Le film réalisa 598 056 entrées sur 10 ans d'exploitation, ce qui ajoutait à la contre-performance publique des yeux sans visage.