
Au moment de l'entrée des USA dans la première guerre mondiale, trois new-yorkais d'extractions différentes (un riche dilettante, un ouvrier du bâtiment et un barman) arrivent en France sans aucune idée de l'enfer qui les attend...
"La grande parade" est un grand classique du cinéma hollywoodien muet, un énorme succès qui fait de MGM un studio majeur, avec John Gilbert parmi ses vedettes. Transposition de l'autobiographie de l'écrivain Laurence Stallings, il précède de quelques années "A l'ouest, rien de nouveau" de 1930 (parlant) qui entretient des similitudes avec lui.
Toutefois, "La grande parade" est un spectacle moins guerrier que "A l'ouest rien de nouveau", dans le sens que ce n'est pas un film de guerre ininterrompu. En fait, sur 2h30, les scènes de bataille n'arrivent qu'au bout d'une heure trente. Auparavant, Vidor prend le temps d'élaborer son matériel humain, en particulier en restituant le quotidien des soldats, leur camaraderie, et en nouant une histoire d'amour entre un américain et une paysanne française.
Il en ressort un film humain, laissant place à la comédie et à la romance. Le spectacle de la guerre est présent et exécuté avec un très grand soin, restituant un enfer d'acier et de boue, particulièrement traumatisant dans l'assaut final où les soldats ne sont que des fourmis perdues au milieu de gigantesques explosions d'artillerie.
"La grande parade" a sans doute inspiré largement des films de guerre à venir, des "Sentiers de la gloire" avec ses officiers aux ordres absurdes à "Tu ne tueras point" pour sa structure en deux parties, la première idyllique, la seconde cauchemardesque. Et que dire de cette scène où le héros aide un soldat ennemi paralysé et mourant à fumer sa dernière cigarette, très proche d'un moment identique de "La bon, la brute et le truand" ! Bref, un bon film à redécouvrir ! Ce n'est pas le plus radical de son genre, mais son ton anti-guerre est plus chaleureux et subtil que d'autres métrages de guerre.
Inexplicablement, "La grande parade" dormait dans le catalogue warner sans aucune sorti en dvd, mais il a enfin eu droit à une sortie home cinéma avec un bluray warner évènement de 2013, sorti aussi en France et se trouvant à un prix très économique !

La copie 1.33 HD en noir et blanc teinté (avec même un plan colorié) est remarquable pour un film aussi ancien, très propre, très bien résolue. Quelques plans trahissent des écart de qualité, mais ils sont bien minoritaires. C'est vraiment une restauration de prestige. Accompagnement musical orchestral en stéréo DTS Master, très bien. Avec STF.
L'édition française perd hélas deux suppléments par rapport au bluray US : le livret substantiel a disparu, tout comme le commentaire audio...