The Danish Girl - Tom Hooper (2015)

[Superwonderscope]

Copenhague, 1925. Le brillant peintre Einar Wegener (Eddie Redmayne), marié à une peintre, Gerda (Alicia Vikander, puissante), se rend compte graduellement qu'il est en fait une femme. De travestissement ponctuels, cela vire à l’obsession de devenir une femme, totalement.

D'après la véritable histoire de Lili Elbe/Einar Wegener, premier transgenre de l'histoire à avoir subi une opération chirurgicale, avec le drame qui s'en suivit.

Tom Hooper retrouve le style épuré du Discours d'Un roi (après s’être perdu dans l’horrible version musicale des Misérables). Format 1.85:1 qui augure de très jolis rendus sur des plans saisissants de géométrie, rendant plutôt bien sa volonté de parler de peinture. lignes de fuite, composition de plans/tableaux, contre-plongée avec création de plans à la symétrie incroyable). profondeur de champ, verticalité, reflets dans l'eau) Hooper possède une maitrise visuelle spectaculaire! Accolé à une photographie douce, à l'image des tableaux d'Einar.

Très belle direction d'acteur, également, avec un scéario qui sait à la fois créér un équilibre entre les deux personnages principaux, mais également faire briller les seconds rôles. Entre l'évocation d'un Danemark rude (les intérieurs de l'appartement sont très "protestants") vs un Paris en plein boom artistique et débridé. Opposition de deux univers qui s'opposent et se complètent, comme la personnalité d'Einar/Lili. Eddie Redmayne est assez fantastique dans un rôle casse_gueule, évitant le piège du pathos. Le réalisateur fonce dans la sexualité à corps ouvert, ne reculant devant rien pour la mise en image. On est pas , bien sûr, dans l'exploitation genre mondo!
Matthieu Schoonhearts est étonnamment sobre, aussi, tout comme Ben Wishaw.

Beaucoup de retenue, de grâce... peut être un poil trop sage, au final? Car si j'ai bien aimé le film, apprécié l'emballage visuel, il manque un petit quelque chose pour en faire un film hors norme. Bon, déjà le sujet est étonnant de la part d'une major (même si c'est une prod Working Title) : parler de transexualité avec une pionnière qui mourut peu de temps après son opération, ça n'est pas forcément un choix "grand public". Ceci expliquant cela, peut-être, sur le ton "sage" opéré le long du film. Mais vus les enjeux, pouvait-il ne être autrement?

Au final, 221 000 curieux français au cinéma, un bouche à oreille médiocre, un oscar (mérité) pour Alicia Vikander et les meilleurs accueils furent réservés par les publics britanniques et italiens à travers le monde.

Vu sur le Blu ray français Universal. Très bonne tenue visuelle, un sens aigu des détails, magnifiant le choix des couleurs, décors... la piste DTS HD MA 5.1 appuie beaucoup sur les arrières, créant une atmosphère très particulière, épurée là aussi. Et la superbe musique d'Alexandre Desplat trouve sa juste place, sans déborder sur les dialogues. Aucun souffle. Du très beau boulot.

1.85:1
1H59
vo + vf + stf/sta et multiples choix
pas vu les bonus...