
Très curieux thriller, assez intelligemment agencé et doté d'un scénario certes imparfait, mais ménageant un suspense au couteau. Le point n'est pas de savoir qui est derrière tout cela - on e sait depuis le début. Mais comment l'ensemble va se dérouler... et quid de l'après?
En ce sens, le scénario co-écrit par Jonathan Lynn (Clue) et Barry Levinson (qui produit le film aussi) puise dans diverses influences (Du rififi a Paname, entre autres, voire Mr. Arkadin) pour le côté chronométré de la mise en scène des multiples meurtres.
Le but étant justement de faire mourir les 4 témoins gênants de manière à ce qu'aucune ne se rende compte de ce qu'il se passe. Le dernier tiers du film est entièrement dévolu à la mise en place de la machination et son déroulement/
Ken Hughes a du bénéficier d'un budget modeste malgré les deux leads américains. Coburn passe la majorité de son temps au téléphone et ne rencontre les témoins que de manière quasi unique. Un format serré, tout comme un montage n'excédant pas les 88mn. Le réalisateur a voulu réécrire l'ensemble, évacuant le côté politique du scénario original au profit d'un thriller plus conventionnel. Il se lâche sur la brutalité des meurtres (dont un étranglement particulièrement réussi et un coup de marteau en pleine tête) anticipant de quelques années son Terror Eyes, se focalisant sur des plans serrés, traquant les visages.
J'ai failli le mettre en section fantastique du fait d'un des éléments du scénario, l'un des meurtres s'effectuant via une machine émettant des son stridents provoquant un arrêt du cerveau.
Le scénario ne réussit pas éviter de belles incohérences : le soin que met Elliott à mettre en branle son plan s'évacue avec la grossièreté de traces laissées ça et là, parmi plusieurs grossièretés... également, certains personnages sont crayonnés de manière là aussi grossière. Lee Grant incarne une journaliste incisive, toujours amoureuse d’Eliott. Mais qui disparait aussitôt, pour réapparaitre le temps d'une scène de lit qui au final. Idem pour les 4 témoins, servant plus de mécanique de suspense que de réels personnages.
Ceci posé, le film fonctionne diablement bien en qualité de suspense. Il tente de jouer sur un terrain inhabituel et Coburn excelle en sa qualité de vilain (ou pas?). Ca reste prenant, jusqu'au twist final, ingénieux!
Je mentionne aussi la bonne partition du toujours doué Roy Budd - reprenant ça et là quelques instruments déjà usités pour des films d'espionnage ou noirs pour les redistribuer dans un partition quelque peu avant-gardiste par moments.
Vu sur le Blu Ray Kino Lorber.
1.78:1
88mn
sta
Région A.
Un visuel à la définition agréable, mais avec de curieuses solarisations, sans parler du manque de stabilité de l'image aux 2/3 pendant 5 bonnes minutes. Dérangeant, car se déroulant dans la pénombre. Son DTS HD MA 2.0 mono nickel.
Avec une interview de Jonathan Lynn, reprise du DVD Scorpion Releasing de 2010.
16mn très judicieuses, sur les aléas de l'écriture, un Barry Levinson visiblement bien allumé, et un scénario qui mit 3 ans à trouver preneur. Hughes décida par ailleurs d'évacuer le côté politique du film. inspiré d'un ancien de la CIA, Lynn avait mis un ex-espion soviétique s'insérant aux USA avec un poste important, éliminant les dernières personnes connaissant son status.
Lynn s'avère aussi mécontent du traitement de Hugues du personnage d'Harry Andrews, qu'il estime traité de manière homophobe et pas du tout en rapport avec que était prévu. Coburn s'est visiblement révélé compliqué dès le premier jour, s'engueulant avec Hughes...
le film est inédit en France à ma connaissance, uniquement sorti en Belgique...