
Sally et Jack, un couple marié, annoncent à leurs amis Judy et Gabe qu'ils se séparent temporairement. Le couple de Judy et Gabe est bousculé par cette nouvelle...
Dans les années 90, la carrière de Woody Allen part un peu dans tous les sens. Il se permet des expériences étonnantes. En 1991, ce cinéaste au style anti-expressionniste signe "Ombres et brouillards", curieux hommage à "M le maudit" et au cinéma allemand des années 20/30. Avec "Maris et femmes", il continue à écrémer sa fascination pour Bergman (déjà bien exploitée dans ses films sérieux comme "Intérieurs" ou "September") en tournant "Maris et femmes" dont le point de départ rappelle "Scènes de la vie conjugale" du réalisateur suédois. La manière dont les personnages apparaissent par intermittence, interviewés après les faits, rappelle aussi "Une passion" de Bergman...
A sa sortie, "Maris et femmes" surprend par son style sciemment documentaire, à base de longs plans séquences caméra à l'épaule, de zooms brutaux, de jump cuts, de plans décadrés, avec une photo jaunâtre très granuleuse. Tout va à l'encontre de la jolie image servie dans les Woody Allen habituellement. Aujourd'hui, ce genre d'expérimentation s'étant généralisées et amplifiées jusqu'à des blockbusters comme "Captain America : Civil War" et autres "Transformers", les audaces de "Maris et femmes" en la matière paraissent en fait très discrètes !
J'ai eu beaucoup de mal avec ce film, cette galerie de personnages antipathiques, souvent prétentieux, bêtes, hystériques, manipulateurs, incapables de sincérité, caricaturaux, hypocrites, méprisants, coincés... Même les personnages connexes ne sont pas aimables : la prof d'aérobic débile forcément débile au-delà de toute rédemption (pauvre Lysette Anthony !), l'étudiante marie-couche-toi-là (insupportable Juliette Lewis !)... Certains acteurs se défendent (Sidney Pollack, Judy Davis...), mais que leur tâche est ici ingrate !
Les péripéties sont souvent aléatoires, parfois gratuites (la perte du manuscrit, qui ne sert à rien à part à grignoter 10 minutes de métrage). Les réactions des personnages au-delà de toute logique (l'attirance de Michael pour Sally). Certaines répliques sont d'un humour cinglant qui tape juste, certaines choses analysées sont pertinentes, mais à l'arrivée, "Maris et femmes" est un film aigre, agaçant, colérique et confus, où l'on a du mal à faire la part entre vraie prétention aveuglée et regard critique sur les personnages. Ce Woody-là n'est pas ma came...
Vu sur le vieux dvd Sony 1.85 (16/9), copie un peu vieillotte, mais quand même regardable, bande son mono anglaise Dolby Digital 2.0, STF, avec VF mono.