
Vortigern, frère du roi Uther, s'allie avec le mage Mordred et d'autres forces maléfiques afin de conquérir le trône d'Angleterre. Il y parvint et devient le nouveau Roi après l'assassinat d'Uther. Mais le fils de celui-ci, Arthur, échappe au massacre de sa famille et, encore bébé, est confié aux résidentes d'un bordel londonien...
Ayant apprécié "Agents très spéciaux", je suis passé outre la mauvaise réputation du nouveau Guy Ritchie pour me faire mon idée sur le film.
Bon, ce n'est pas glorieux. Le style Ritchie est là, et trop là. On a l'impression que "Le roi Arthur" est monté du début à la fin comme une bande-annonce, voire un clip, bombardant le spectateur de plans chaotiques, multipliant les décors spectaculaires à peine entrevues le temps de quelques images fugitives, l'assommant de musique électro-rock bruyante, de shaky cam hystérique, de plans signatures du réalisateurs (courses avec caméra attachée aux acteurs)...
Parfois ça passe, mais j'ai trouvé qu'ici Ritchie saoule le spectateur plutôt qu'il ne l'enthousiasme ou l'entraîne dans son élan créatif. Il semble avoir peur de perdre le spectateur contemporain avec une "vieille" histoire et en rajoute des louches dans la mise en forme contemporaine - enfin, l'idée qu'il se fait de la mise en forme contemporaine d'un long métrage en tous cas. Il en est ainsi du rendu spectaculairement laid et numérique des ravages causés par la puissance d'Excalibur 2017, avec ses bullet time d'une autre époque.
Ritchie tente une relecture osée du Roi Arthur, sorte de Robin des Villes affublé d'une coiffure de joueur de foot et d'une musculature de hooligan, accompagné d'une bande de larcineurs et autres coupe-jarrets sans scrupules. Sans surprise, il joue la carte de l'anachronisme et du second degré acide, le tout baigné d'un visuel grisâtre, rude, souvent nocturne. Pourquoi pas. Il refuse de se plier aux règles de la mythologie et invente son propre univers celtique presque de toutes pièces, où la magie et le fantastique ont une place plus importante que ne le laisse penser les bandes annonces et la promotion du métrage.
Curieusement pour une version de cette histoire, les femmes ont un rôle très mineur, à part la mage - et encore, elle serait un personnage masculin que ça ne changerait pas grand chose. Ritchie fait ainsi le choix curieux de flatter la testostérone avant tout au risque de s'aliéner le public féminin et de faire perdre au mythe arthurien sa dimension universelle.
Nous sommes loin des Chevaliers de la Table Ronde des années 50, et tout autant de ceux de John Boorman. Si les intentions sont ambitieuses, il faut déjà adhéré à cet Arthur Pendragon et sa bande, semblant sortie d'une version médiévale-grunge de "Snatch" ou "Arnaques, crime et botanique". Pour ma part, ça a été difficile, nous avons un roi Arthur sans vision, sans poésie, sans classe, à la majesté moyenne.
La scène cruciale où il sort Excalibur de la pierre est ainsi totalement torpillé par le moment la précédant, où Arthur double toute la file d'attente en roulant des mécaniques. Sans s'en rendre compte, Ritchie fait ainsi de son Arthur un bourrin débile, un lâche, un caïd de quartier qui se disqualifie d'emblée aux yeux des spectateurs en tant que figure régalienne.
Par ailleurs, malgré son agitation, les étapes de cette histoire sont grossières, avec des choses devenues trop classiques et revues : le traumatisme à surmonter, le héros qui doit s'assumer pour devenir un leader (tendance Aragorn). On a même le droit à une formation à la sauce Jedi, avec le traversée initiatique précipitée et confuse dans la "territoire des ténèbres"... C'est fastidieux, c'est confus...
Et en même temps, on ne veut pas être trop méchant, car Guy Ritchie essaie quand même quelque chose, signe des moments drôles, des moments spectaculaires, joue bien des paysages sauvages recueillis aux quatre coins du Royaume-uni, réunit une troupe d'acteurs qui s'amusent bien ensemble, égrène une imagerie très Dark Fantasy parfois séduisante. Bref, il y a du bon, du mauvais, c'est pas désagréable à voir sur grand écran, où ça a souvent de la gueule, mais "Le roi Arthur" est tout de même un échec, a l'ambition plombée par le machisme infantile de sa pose.