
Baby, un jeune surdoué de la conduite automobile, obligé d'écouter de la musique en quasi-permanence à cause d'un acouphène, sert de conducteur dans des casses pour un gangster envers lequel il a une dette...
Un film qui n'est pas une suite, un remake, ni un film "intello"/"pour bobos", un réalisateur de cinéma populaire/de genre surdoué, parmi les meilleurs de sa génération, qui n'a pas encore signé un seul mauvais film, un accueil critique et public favorables, une distribution en salles très correcte... Et pas un mot ici ?

"Baby Driver" n'est pas un film parfait, la faute à mon sens à un schéma qui surfe délibérément sur des éléments archi-classiques : le conducteur avec une dette à payer à un caïd, un dernier coup qui se met à dérailler, une équipe de gangsters dépareillés qui commence à se déchirer... Il y a des petites choses pas super logiques aussi
Mais là où Edgar Wright emporte tout, c'est à nouveau par le style cinématographique : superbe photo couleur urbaine de Bill Pope, réalisation dynamique, variée, créative, et surtout, surtout découpage d'une fluidité impeccable du début à la fin. "Baby Driver" est un modèle pour école de cinéma en matière de montage, on sent la passion du faire du cinéma, de peaufiner son oeuvre dans les moindres détails, au poil près. En terme de rythme, "baby Driver" est euphorisant.
C'est aussi un film complètement musical. Au début on a un peu peur que le personnage principal, qui mime les chansons qu'il écoute, nous devienne vite insupportable. On a du mal à croire qu'un jeune gars de 20 ans ait du John Spencer Explosion et du Damned dans son Ipod aussi. Et pourtant, plus le film avance, plus ça marche ! Et une des grandes forces de cette bande son est de ne pas aller à l'évidence, de sortir des morceaux qui ne sont pas archi rabattus (contrairement à un "Kong :Skull Island" nous balançant Ziggy Stardust ou Paranoid par exemple). Résultat, un score homogène, très travaillée dans ses choix où on ne connaît pas tout déjà par coeur...
On est aussi absolument entraîné par cette distribution de jeunes et de moins jeunes, avec une belle galerie de seconds rôles : Kevin Spacey, Jamie Foxx, Jon Bernthal, Jon Hamm, Paul Williams... Et évidemment, des séquences d'action et de poursuites grisantes, encore une fois d'une fluidité parfaite. On n'est pas du tout dans la surenchère grotesque à la "Fast and furious", dans la collection de références à la "Drive", mais dans un film vrai, vivant, au coeur gros comme ça, un moment de pur cinéma, je le redis à la perfection formelle époustouflante, qui écrase vraiment la concurrence sous son air de petit film modeste ! Un grand film de 2017 !