
A Paris, des jeunes skaters zonant sur le parvis du Palais de Tokyo s'enfoncent dans la drogue et la prostitution masculine, par vice ou par ennui...
J'avoue que je n'avais jamais vu de film de Larry Clark et celui-ci (son dernier long métrage réel en date) est donc le premier que j'ai vu. Le réalisateur (et photographe) controversé tourne ici en France, après un trou de 9 ans depuis son dernier long métrage sorti en salles (les autres oeuvres qu'il a réalisées entretemps ont été mises en ligne gratuitement sur son site internet).
Il faut reconnaître un vrai style à Larry Clark, ultra personnel, âpre, créatif, se vautrant la tête la première dans une poésie de la déglingue et le défonce. Le programme est clairement établi, son film français se veut la rencontre des Fleurs du Mal, des Chimères de Nerval, du blues, du punk... Le tout forçant très fort sur la drogue et surtout le sexe. Mais un sexe, brutal, non satisfaisant, dans le cadre d'une prostitution dépeinte comme avilissante. Bref, du sexe pas bandant du tout...
Mais si on peut adhèrer au style et au jusqu'au boutisme du réalisateur (qui ne se fait pas cadeau : il se met en scène en vieux clodo s'urinant dessus), sa vision de la jeunesse parisienne du 8ème et 16ème arrondissement relève du grand surréalisme. On ne sait plus si on est dans le bronx de Bogota ou à quelques pas des champs élysées ! Chez Clark, ce sont des bandes de skaters, Adonis aux torses nues et imberbes, qui mettent le feu aux voitures en banlieue !

Il ne sait clairement pas de quoi il parle, ce qui fait que dès lors qu'il essaie de développer un discours vaguement empathique envers ses jeunes, les montrant comme victimes du monde adulte, ce qui est supposé justifier les scènes trash qu'on s'est tapées, "The smell of us" devient ultra simpliste et encore plus aberrant, tuant toute l'ambiguité, la force principale et ténébreuse du métrage. D'autant plus que le discours est ultra contradictoire : un vieux de 70 ans qui passe un métrage à filmer des jeunes adultes, voire des ados, à moitié à poil et dans des scènes érotiques parfois hard, condamne les vieux qui exploitent les jeunes...
De cette plongée aux enfers ténébreuses, de ce poème noir fantasmé, on retiendra donc un vrai style fort, une mise en forme qui ne fait pas de cadeau au spectateur. Mais hélas amoindris par une discours très faible sur la jeunesse perdue, une sensation de répétition lassante. Quand un film d'une heure vingt semble faire une heure de trop, c'est qu'il y a un problème quelque part...
Vu sur OCS replay.