
Madrid, un soir de printemps 1991... La police est appelée pour intervenir dans un appartement où une adolescente garde ses deux soeurs et son frère, tandis que leur mère travaille dans un restaurant. Ce que l'inspecteur Romero découvre dépasse l'imagination et la raison !
Après le désastre de "[Rec]³: Génesis", on se demandait ce qu'allait devenir Paco Plaza, personnalité pourtant intéressante du cinéma fantastique espagnol, sachant donner de l'épaisseur à ses personnages et porter un regard personnel sur les sujets du fantastique. Nous le retrouvons avec "Veronica", sorti en salles en France cette année...
A priori, "Veronica" s'annonce comme un film d'exorcisme parmi d'autres, surfant sur la mode "Paranormal activity" et autres "Insidious". Heureusement, Paco Plaza ne tombe pas dans le piège du film d'horreur produit au kilomètres, ponctué métronomiquement de "jump scares" vus mille fois ailleurs.
Plaza explore en fait la fascination d'une adolescente, chargée de lourdes responsabilités familiales, pour l'occulte. Elle se plonge notamment dans des brochures bons marchés vendus en kiosque, à propos des amulettes prophylactiques et autres séances de spiritisme. "Veronica" est certes un peu influencé par "Insidious" (en particulier dans l'apparence de son spectre), mais il joue aussi tout du long sur l'ambiguité. Si "Les enfants d'Abraham" trahissait déjà une influence de Polanski, "Veronica" explore quant à lui un cas de paranoïa dans la veine de "Répulsion", mise à la sauce de "L'exorciste".
De ce qu'on voit : qu'est-ce qui est vrai, qu'est-ce qui ne l'est pas, qu'est-ce qui est le fruit des inventions de Veronica ? Est-elle influencée par une entité de l'au-delà ou par son imagination débridée, pétrie d'une culpabilité exacerbée par l'éducation catholique qu'elle reçoit dans une école de Soeurs ?
"Veronica" ne tranche pas, mais emploie cette ambiguité pour proposer un métrage riche, à la mise en scène habile, élaborée, au regard fin, non dénué d'ironie quand bien même le sujet est tragique. Il n'a toutefois pas la force et la profondeur dramatique que le "Requiem" de Hans-Christian Schmid parvenait à atteindre sur un même sujet.
A force de ne pas trancher, "Veronica" laisse sur une impression mélangée, celle d'un film fantastique intéressant, intelligent, mais qui à force de ne pas assumer sa nature, laisse dubitatif, paraît artificiel. Il est trop malin pour qu'on prenne au sérieux son aspect surnaturel, "basé sur des faits réels" sur lequel il joue pourtant souvent. Et trop ancré dans le fantastique pour aller au bout d'une autre direction.
Dans le rôle de Veronica, Sandra Escacena est excellente de naturel et de subtilité dans son interprétation. Nous sommes aussi heureux de retrouver Ana Torrent, visage familier et attachant du cinéma espagnol, de "L'esprit de la ruche" à "Tesis".
Vu en location HD sur la box Orange.