Girl with Green Eyes (VF : La Fille aux yeux verts) - Desmond Davis (1964)

[Superwonderscope]

Une jeune irlandaise (Rita Tushingham) s'entiche d'un homme plus âgé qu'elle (Peter Finch). Lui écrivain, elle fille de la campagne, leur fraicheur mutuelle les rapproche. Mais sa candeur et sa vivacité ne vont pas avec tout.

Pour beaucoup, Desmond Davis est le réalisateur du Choc des Titans, un film qui reste très éloigné de sa filmographie habituelle. ici, il offre un film au coeur du nouveau cinéma anglais, avec une de ses égéries de l'époque, Rita Tushingham. Qui sortait de sa révélation A taste of Hiney et de the Leather Boys,
On a donc une jeune fille simple, pleine de vie, qui va subir désillusion de liberté de sa famille ultra-catholique, père alcoolique à la clé, et désillusion de la liberté d'aimer un homme plus âgé, encore marié. Illusions d'émancipation de modèles qui ne vont pas créer l'appel d'air qu'elle espère, mais l'enfermer à nouveau.
Un noir et blanc salvateur, marié à une caméra très mobile, proche de son héroïne, traquant ses regards perdus et pleins d'espoir. une jolie photographie d'une vie irlandaise qui tente de s'échapper du carcan catholique traditionnel. On voit repartir l'héroïne dans sa famille, dont le père et le frère alcoolisé viennent tabasser Peter Finch et la ramener dans la ferme familiale, sous bonne garde de la tante stricte. Qui contraste fortement avec l'amie, Lynn Redgrave, totalement délurée.
Rita Tushingham (qui n'a pas de chance avec ses héroïnes en marge!) éclaire le film de ses grands yeux, sa démarche d'enfant qui a grandi trop vite et rythme le film de manière inattendue. Refus de sensationnalisme, approche sociale, garder les pieds dans le réel, ne pas en faire un porte-drapeau. En pleine ligne du cinéma de Richardson, Reisz ou Anderson. Une héroïne prolétaire qui préfigure quelque peu les premiers travaux de Ken Loach.
Une conclusion amère, en demi-teinte, mais nimbé de quelque espoir (sen sortir grâce à l'éducation, entre autres), ce que l'aube des années 60 allait confirmer. Davis avait vu juste!

91 mn 1.66:1 dans la box BFI sortie en Blu ray le 11 juin dernier. très belle copie!