Je fais hélas parti des tièdes, et pourtant j'avais adoré "Hérédité".
Le studio A24 se spécialise dans les films d'horreur complètement à contre-courant des "Conjuring" et autres machines à jump scare, avec des films artistiquement ambitieux comme "They come at night", "The Witch" et "Hérédité" - voici donc un studio intéressant à suivre... Même si honnêtement seul "Hérédité" m'a vraiment convaincu pour le moment...
"Midsommar" commence par un très bon prologue, incluant un plan séquence bien traumatisant, dans la tradition à laquelle nous a habitué Ari Aster. Mais une fois arrivée en Suède, "Midsommar" devient moins subtil, on est presque dans un survival très classique, avec break estival d'une bande d'américains débarquant, inconscients, en milieu hostile, dans la tradition de "Hostel" et autre "Train"... C'est un peu plus subtil, mais pas beaucoup plus, tout au plus nous sert-on une satire "du rapport des américains au reste du monde", mais là aussi c'est du déjà vu, et les personnages des étudiants sont quand même bas de gamme, en particulier le thésard et le rigolo (personnage qu'on croirait sorti d'une comédie du genre "Eurotrip"...). C'est linéaire, prévisible, une sorte de version art et essai de "2000 maniacs".
Aster est malin par certains côtés, il place du gore là où on ne l'attend pas, place certains meurtres hors champs. Habile... Mais ça n'empêche pas une impression de creux, un déroulement trop ironique, trop conscient de jouer avec les "codes du genre" pour nous rendre les personnages accessibles, nous faire ressentir de l'empathie pour eux. Là-dessus, on est très loin du personnage du grand frère d""Hérédité" par exemple. J'ai trouvé que "Midsommar" démarrait vraiment à partir de la scène de reine du printemps : là on commence à partir dans le trip qu'on est venu voir, les personnages deviennent intéressants, on passe à autre chose... Mais c'est tard, et pas totalement satisfaisant, l'ombre de "The Wicker Man" plane quand même très fort (le nounours : "hommage" au remake avec Nicolas Cage

?).
Et pourtant, artistiquement, c'est magnifique, projection magnifique au Max Linder pour un film diurne, solaire, jouant sur l'espace, les extérieurs - une expérience cinématographique dont il ne restera pas grand chose sur un écran de salon. La photo, la direction artistique tutoie Kubrick, Jodorowski (rôle important de la drogue dans le métrage, d'ailleurs), un travail sur les costumes et les décors d'une richesse et d'une méticulosité hors paire. Il y a des scènes fortes, des choses qui marchent, mais "Midsommar" m'a paru trop inégal, pas assez développé par certains côtés. Trop malin aussi
Il y a un bon film là-dedans, en particulier tout ce qui tourne autour du personnage principal, mais celle-ci passe quand même beaucoup de temps à pleurnicher, à s'excuser... Je partais conquis, je voulais vraiment l'adorer... Bon, intéressant quand même, on sort du tout venant... Mais peut beaucoup mieux faire...