En 1960, lorsque Jean Becker réalise UN NOMME LA ROCCA, José Giovanni, auteur du roman d'origine est présent. Mais assez peu convaincu du résultat (pourtant très satisfaisant), il décide d'en faire lui-même une nouvelle adaptation en 1972, qu'il intitulera LA SCOUMOUNE.
"La Scoumoune" est un mot qui nous vient du latin excommunicare. En passant par le corse ou l'italien "scomunicare", le mot s'est francisé pour devenir Scoumoune, synonyme d'"excommunié", ou plus simplement "porte poisse" !
Et c'est exactement comme ça que nous est décrit le Jean-Paul Belmondo du film. Un mec qui apporte le malheur, et la mort, avec lui. Très rapidement, l'homme fait le ménage dans le milieu de la pègre et élimine ceux qui sont responsable de l'emprisonnement de son ami Xavier Adé (Michel Constantin, déjà présent dans le film original). Puis il s'accapare les sources de revenus de cette même pègre pour payer les frais nécessaires à la libération de son ami. Mais tout ne se passera pas encore prévu...
Le film original était un film soigné et élégant. Son final, bien différent et sombre, n'allait cependant pas dans le sens de "La Scoumoune". C'est le cas ici où Belmondo est effectivement un homme qui avance en apportant la désolation aussi bien à ses ennemis qu'à ses amis. En découle une vraie noirceur même si Belmondo se fait ici plus cabotin qu'il ne l'était 12 ans plus tôt. Les dialogues se veulent plus percutants et les mimiques un peu plus / trop appuyées. Fort heureusement, tout cela est contre-balancé par des idées magnifiques, comme celle du musicien de rue ouvrant le générique, et jouant inlassablement le même air de François de Roubaix. Inoubliable.
LA SCOUMOUNE tire aussi sa force de ses seconds rôles. Claudia Cardinale est comme à son habitude sublime, et Constantin occupe ici un rôle bien plus impotant que dans UN NOMME LA ROCCA, celui du grand ami Xavier Adé. Constantin y est comme souvent très bon. A la fois dur et fragile, nerveux mais à bout...
La scène du déminage est d'une belle intensité. Un peu moins longue et clinique que dans le film original, elle n'en dégage pas moins une tension incroyable, via la présence d'un obus de 50 kilos, dans la glissade dans le sable semble incontrôlable. Superbe.
On notera également que Dominique Zardi, le chauve le plus célèbre du cinéma français avec plus de 600 apparitions, joue le même rôle dans les deux films, justement dans la scène du déminage.
Le rôle de l'Elégant est ici tenu par Michel Peyrelon, comédie bien connu, bien meilleur dans le rôle que ne l'était le sympathique Mario David dans le film original.
Enfin comme il était de coutume à l'époque, les dialogues ont ici leur importance avec quelques belles répliques comme :
- "Tu sais comme il était, toujours avec ses fringues... Du coup, une chose en entrainant une autres, j'l'ai tué. Mais il me manque".
- "Ca vous inspire quoi ? J'me dis qu'il s'est pas mal démerdé pour un type qu'avait qu'un seul bras".
Bref, malgré quelques fausses note et un Bebel un peu plus caricatural, je ne peux m'empêcher de préférer d'une courte tête LA SCOUMOUNE à UN NOMME LA ROCCA. Peut être aussi parce qu'il s'agit de l'un des films de mon enfance, et que le trio de Star est juste parfait.
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La Scoumoune (1972) José Giovanni
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Re: La Scoumoune (1972) José Giovanni
Enfin un Blu-Ray! Ca arrive le 5 mars chez Studiocanal.