
Je suis moyennement client du cinéma de Xavier Dolan. Parfois trop énervé, à l'énergie qui me fatigue, aux diarrhées verbales et personnages parfois antipathiques. Je n'avais pas apprécié Comment j'ai tué ma mère (on retrouve d'ailleurs Anne Dorval avec des scènes parfois difficiles à supporter entre la mère malade et son fils désorienté) et Juste la Fin du Monde 'avait aussilaissé de marbre, Nathalie Baye à gifler. Il a décidément un problème avec la figure maternelle.
Passé cela, je dois avouer qu'il est arrivé (pour moi) à maturité. On ici un très beau film sur l'amitié et les lignes floues qu'elle engendre. Le récit joue beaucoup sur l'ambiguïté entre chacun si bien qu'on ne sait jamais sur quel pied danser: amitié, jalousie sociale ou homosexualité latente? Inévitablement, on pense aux films de Denys Arcand (cité d'ailleurs sà deux reprises dans le film), avec ses quarantenaires blasés du Déclin de l'empire américain. Mais on est à l'opposé en terme de style et de contenu. On est plus dans l'urgence, le heurt, l'attente, l'amertume, l'espoir que dans le constat d'une génération. La caméra bouge ostensiblement, mobile, traque les visages (Maxime possède une tâche sur le visage qu'il considère comme un handicap social et amoureux). Des moments intelligents de mise n scène, où Matthias, en plan américain, est régulièrement flou, avec le paysage autour de lui bien clair. Bien vu, par rapport tà la personnalité du rôle.
Tous les rôles périphériques sont bien écrits, présents à l'écran: ça existe putto que de remplir inutilement. comme l'avocat américain qui arrive en terre canadienne, écoutant du Pet Shop Boys et terminant dans un strip club... mais là aussi, énormément d'ambiguïté dans le rapport à l'image et à l'autre.
Et la dernière image, entre drame et résolution, laisse aussi le spectateur choisir ce qui arrive aux personnages. C'est très touchant, au final.
Bref, c'est le premier film de Dolan que j'apprécie.
Vu au Pathé Evreux, salle 3, projection médiocre as usual mais moins charbonneuse qu'à habitude. ca manque cruellement de lumière...