
Frappé par on ne sait quelle foudre créatrice, Bob Odenkirk a un jour l'idée saugrenue de faire un sous-John Wick et en ce sens, le résultat est aussi réussi que raté. La décalque (paresseuse) joue en effet à la défaveur de Nobody qui n'apporte aucun élément supplémentaire au concept de base : un mec lambda cache un méga tueur OP qui réveille la bête intérieure après un conflit avec des loubards russes puis va ensuite anéantir tout le casting. Oui, en vrai il y a d'abord un petit couple de cambrioleurs latinos qui amorce la bombe humaine, et aucun chien n'est tué. Ce qui fait d'ailleurs qu'il n'y a aucun véritable enjeu émotionnel à ce massacre, aussi minime était-il dans John Wick mais où au moins il donnait sens à la violence désespérée du personnage.
Le film a pour lui le capital sympathie de Odenkirk, qui ne s'en tire pas si mal en vrai, une réalisation suffisamment efficace pour donner le change (Ilya Naishuller s'était fait la main sur Hardcore Henry), quelques idées qui fonctionnent (le personnage de Christopher Lloyd) et le gimmick des mecs qui meurent durant les explications du héros. Mais bordel qu'est-ce ça se prend au sérieux ! Au point d'en être régulièrement ridicule (le fric en cash de la caisse de retraite mafieuse ! La fusillade au sniper en intérieur !), avec une partie sentimentale mal écrite et un final totalement nawako-bisseux mais dont je ne suis pas certain qu'il soit assumé comme tel vu comment tout le monde prend des poses badass.
Nobody apparait comme une sorte de reviviscence tardive et plus luxueuse des rip-off italiens, un ego-trip assez puéril qui trouve peut-être son origine dans l'expérience de cambriolages dont Odenkirk a été personnellement victime. Mais le film met surtout en valeur son modèle, John Wick, rappelant combien celui-ci avait réussi contre toute-attente à éviter de tomber dans les écueils que connait Nobody. En résulte malgré tout un spectacle sympatoche, quasi-anachronique, plutôt fendard si on est bien luné, et qui offre le plaisir de voir Daniel Bernhardt entrainer Odenkirk dans les bonus. Par contre, une question demeure : pourquoi caster Michael Ironside pour lui refiler un rôle aussi anodin ?