
Ce 2ème opus avait la lourde tâche de faire honneur à son chef-d'œuvre de grand frère, au risque de se faire écraser par les attentes du public. Résultat, s'il ne renouvelle pas totalement l'exploit et se prend les pieds dans quelques défauts, Across the Spiderverse demeure un spectacle tout à fait recommandable. Le film exploite à fond ses points forts, poussant son audace graphique encore plus loin dans un mélange des styles toujours aussi réjouissants. La réalisation est également magistrale, tant dans ses magnifiques plans d'ensemble que dans la maitrise d'une action surdynamique virevoltante ; on aimerait revoir les séquences phares au ralenti pour savourer encore plus l'animation des personnages. Ces derniers bénéficient toujours d'une écriture intéressante, les rendant attachants, ce qui donne vraiment corps aux thématiques des relations familiales, de l'émancipation, de la destinée, de la confrontation aux responsabilités et à la solitude.
Ces sujets expliquent la tonalité plus sombre du script, avec un humour un peu plus en retrait, moins slapstick. Ca ne signifie pas qu'on ne rigole pas de bon cœur à plusieurs reprises (le chaos de tous les Spiders), mais cette évolution se retrouve dans l'évolution du super villain la Tâche qui passe progressivement de bouffon rigolo à Némésis vraiment angoissante. Le plus gros reproche de mon point de vue est une moins bonne maitrise du rythme du film et de la concentration du récit et de ses enjeux, la faute à une durée plus longue et à une complexité scénaristique (satané multivers, dont l'intérêt commence par ailleurs à s'user) qui nécessite plus de scènes d'explications. Et surtout, Across the Spiderverse ne conclut pas ses intrigues et nous laisse scandaleusement en plan (certes avec plein de promesses).
Mais même avec ces quelques reproches, j'en veux bien tous les jours des films comme ça.