
Chaque nuit, le petit Nemo, enfant à l'imagination hyper-active, vit des aventures incroyables dans ses rêves...
Le personnage de Little Nemo est créé au début du vingtième siècle par l'illustrateur américain Winsor McCay, figure fondamentale de l'art de l'imaginaire, pionnier aussi bien des comics que du cinéma d'animation dont il réalise quelques uns des premiers essais, dont "Gertie le dinosaure" est le plus fameux.
La première adaptation majeure au cinéma de "Little Nemo" vient du Japon, le président du grand studio d'animation TMS (studio créateur de titres bien connus en France comme "Cat's Eye", "Lupin III", "Cobra" et autres "Lady Oscar") cherchant par ce biais à mettre un pied dans le marché du cinéma US. Il cherche à faire une coproduction avec des partenaires américains. Il s'associe notamment à Gary Kurtz, on recrute Ray Bradbury pour écrire un premier traitement, de nombreux artistes sont sollicités, dont Miyazaki qui travaille alors pour TMS, Moebius qui est un grand fan de Little Nemo (et en fera une nouvelle transposition BD ensuite).
Personne ne semble satisfait de la direction que prend le projet, Kurtz est écarté et de nouveaux scénaristes sont recrutés dont Chris Columbus et le film finit par sortir dans la douleur en 1989, et il fait un bide. Le producteur aura eu le tort d'avoir raison trop tôt, ce n'est qu'une dizaine d'années plus tard avec "Le voyage de Chihiro" que l'animation japonaise s'imposera dans les salles US.
S'il y a une chose qu'on ne peut pas retirer à ce "Little Nemo", c'est son animation qui est excellente. TMS venait de terminer "Akira" et était alors au top de ses capacités artistiques, on retrouve même des points communs entre les deux films, comme l'animation de l'eau dans le prologue avec le train, de la masse noire cauchemardesque qui s'échappe de la grande porte, ou même le personnage de Flip qui a un air de familiarité avec le chef des clowns d'"Akira" !
"Little Nemo" adresse aussi son coup de chapeau à Disney avec son démon final sortant tout droit de "Fantasia".
Pourtant, projet difficile, "Little Nemo" souffre d'un scénario banal, très linéaire, le personnage de Nemo est creux, jamais attachant, jamais singulier ou intéressant. Le charme Art Deco et surréaliste des comics de MacCay est complètement perdu, quand bien même certaines idées visuelles sont retranscrites avec fidélité et talent (le lit qui marche). On admire la technique, on s'émerveille devant les images. Mais on s'ennuie. Partant d'une oeuvre qui milite pour le rêve et l'imaginaire, ce métrage a le gros défaut de manquer terriblement d'imagination et de folie.
Finalement ce "Little Nemo", projet à la base grandiose, s'avère une curiosité, sans plus.
Vu à l'épée de bois.