Heureuse surprise que ce 1ᵉʳ long-métrage de Ariane Louis-Seize (quel blaze !) qui parvient à employer la figure, qu'on aurait pensé rincée, du vampire pour aborder des thèmes aussi variés que le handicap, l'adolescence ou le suicide. Sasha est une jeune femme (de 68 ans, tout de même) en proie à sa différence quant aux normes familiales, refusant de tuer pour se nourrir, ce qui n'est pas sans créer des conflits parentaux quant à l'attitude à adopter. Tourmentée par des changements corporels qu'elle refuse, par des angoisses de débordement pulsionnel, par le risque de finir ostracisée, elle doit péniblement trouver sa propre voie dans cette phase d'autonomisation qui la conduit aux portes de l'autodestruction. La rencontre maladroite avec un autre éclopé de la vie va ouvrir autant de nouvelles pistes que de nouvelles problématiques.
J'ai adoré le ton très juste du film sur tous ces sujets, abordés avec intelligence et sans lourdeur grâce à des petites touches d'humour bien dosées (sacré JP) et à sa toile de fond vampiro-fantastique qui permet un certain décalage. Les acteurs sont parfaits de naturel, Sara Montpetit en tête avec son look de nouvelle égérie gothique craquante, sorte de fille spirituelle de Christina Ricci dans La Famille Adams. Ariane Louis-Seize a le bon goût de conserver ce côté gauche typiquement adolescent, se retenant d'abuser de l'imagerie badass de la créature (léger écueil sur le plan final, cela dit très joli). Sa réalisation est au diapason de cette réussite, avec de nombreuses séquences marquantes (l'introduction avec Rico-Berlingot est géniale), un bon emploi de la musique jusque dans le générique (Dracula yéyé !!) et une résolution de l'intrigue très satisfaisante dans son esquive des pièges possibles.
Une expérience très sympathique, fraiche et recommandable.