
J'avais peur d'un comédie comique-troupier bas de plafond telle que la France en produisait au kilomètre dans les 70's. Et surtout, comment un réalisateur comme Michel Vocoret, auteur immortel des Bidasses au pensionnat, scénariste de l'Essayeuse et collaborateur de Max Pecas, a pu obtenir un acteur du calibre de Peter Ustinov et le budget qui va avec. Et Pierre Perret aux manettes de la musique et de la chanson du film (clin d'œil à Pialat). Mystère.
Toujours est-il que grâce à Ustinov, et à ma grande surprise, la pilule passe mieux que prévu. C'en est même touchant par moments, Ustinov balançant des lignes de dialogues bien écrites, et avec quelques gags qui font mouche. Laffont s'en sort très bien aussi, pétulante et surtout, crédible. Catherine Alric complète le trio avec son charme et sa répartie.
En fait, c'est le meilleur film de Vocoret. Bon, en meme temps vu sa filmo, pas grand mal à passer au dessus du pénible Qu'est ce qui fait craquer les filles ou son absolument épouvantable Retour des Bidasses en folie (vu en salles, ou j'ai failli en couper les veines à mi-parcours)
Ca oscille entre comédie de meurs, comédie pure, quelques gags à la tex Avery qui tombent à plat - mais le tout passe avec la verve d'Ustinov. Et de faire un héros quarantenaire, avec de l'embonpoint, et de le modeler comme attrayant aux yeux de la gente féminine, fallait oser.
Quelques détails amusants, comme Alfred Adam en producteur véreux qui veut monter une version érotique de Jeanne d'Arc au lieu d'un biopic de Pétain (expériences de Vocoret retranscrites ici) , les sous-vêtements d'Ustinov qui changent de couleurs chaque fois, Sylvie Joly excellente en thérapeute de bio-énergie... ca satirise gentiment le monde frelaté de la perte de poids. Pas méchant, mais l'intention est là. La violente diatribe d'Ustinov pédalant sur vélo d'appartement contre l'huissier de justice venu lui réclamer des arriérés est un très beau monument d'acteur en plan séquence. techniquement, ça tient le choc, surtout si on compare à toutes les connéries franchouillardes qui ont étrillé les cinémas de province.
On y retrouve les affres de la comédie à la Pecas, comme Daniel Derval qui ré-interprète son personnage de gay féminisé à outrance.
La fin à l'eau de rose vient quelque peu contrarier le déroulé parfois doux-amer du film, un peu dommage. Mais tout le monde semble bien s'amuser en tout cas. Il serait intéressant d'en demander l'avis à Catherine Alric.
95mn pas franchement innovantes, sans grand intérêt, mais qui s'avère mieux tenues et plus pro un poil plus ambitieux qu'espéré.
Le film avait réuni 273 056 spectateurs à sa sortie (5 fois moins que les Vidasses au pensionnat, dont on voit l'affiche brièvement). Peu, car probablement pas assez franchouillard. Vocoret retourna à des choses moins policées comme Comment draguer toutes les filles par la suite.
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