Je continue l'exploration de l'œuvre de Richard Pottier, un cinéaste quelque peu oublié aujourd'hui. ET force de constater qu'il est l'auteur d'œuvres plutôt intéressantes. Que ce soit son film de science-fiction (Le Monde tremblera), son premier Maigret (Picpus) ou celui-ci, il a une patte définitive. (et un western avec Bourvil!)
Ce qui étonne: les dialogues. C'est extrêmement bien écrit, brillant, des réparties bien senties - ecrits avec Marc-Gilbert Sauvajon, ca met le film un net cran au dessus des polars français du but des années 50. Tous les personnages sont affublés de remarques acides, des insultes mouchetées aux fléchas douces-amères. Audiard n'est pas très loin, comme si Sauvajon lui avait pavé la route.
Le tandem Deniaud/VIncent fonctionne tout aussi bien, on sent comme un passage de relais entre un cinéma de studios (à l'ancienne) et les scènes de Vincent dans les rues de Paris (en décor réels) à la recherche d'un indice précieux.
Un bémol: Elina Labourdette. Son jeu hyper ampoulé, trop mélodramatique - on est en pleines années 30 - elle force trop et ça ne passe pas bien à l'écran. Ce qui tranche avec la bonhommie d'Yves Vincent, son côté fringant mi-menaçant mi séducteur (le Colonel de Gendarmerie qui menace de Funès dans la série des Gendarme de St Tropez, c'est lui).
Pour le reste, l'enquête se déroule de manière fonctionnelle. Le suspense mène bien sa barque jusqu'aux 5 dernières minutes. Une collection de seconds rôles qui font le sel du film: Marthe Mercadier en esthéticienne prisonnière ainsi qu'une faiseuse d'anges qui donnent de mauvais conseils à la jeune Catherine vaut le détour.
Rien e révolutionnaire en terme de mise en scène, ça fait le job annoncé.
96mn plaisantes d'une cinéma aujourd'hui démodé, mais un cinéaste qui a su bien placer ses acteurs pour délivrer les piques qu'ils se balancent.
Sorti en Blu ray en 2017, il est disponible sur la chaine Gaumont.