6e adaptation d'un Bryan Edgar Wallace (fils de, donc), tourné dans les studios berlinois de la CCC. Ca ressemble à évidemment beaucoup de krimi de l'époque. D'autant qu'il est tourné dans les décors similaires ayant été utilisés par d'autres de la Rialto (j'ai cru reconnaitre un ou deux décors de la Porte aux 7 serrures, entre autres).
Le film n'est pas, dans son suspense, parmi les meilleurs qui soient. On sent assez rapidement l'identité du tueur. L'intérêt est ailleurs, notamment sur l'étonnante dualité théâtre/vie réelle qui fait le sel du suspense. Cela annonce ainsi plusieurs gialli qui vont clairement s'en inspirer : genre l'assassin a réservé neuf fauteuils (qui reprend l'idée du vrai couteau qui remplace le faux pendant une représentation théâtrale au point d'avoir un vrai meurtre sur scène), mais aussi, bien sur, Bloody Bird.
Des scènes assez étonnantes qui se passent pendant une représentation de la pièce, avec toutes les coulisses, la machinerie - et un témoin acteur déguisé en policier qui voit le vrai meurtrier sous la scène en train 'observer le tout. Une sorte de système de poupées russes entre fiction et réalité, le tout dans un très beau Scope noir et blanc qui sait adroitement jouer sur cadre et de la profondeur de champ.
Les meurtres sont tous hors champ, mais cela n'empêche pas l'auteur d'y glisser une femme nue qui se balade devant l'écran de manière totalement gratuite. Pour 1963, il fallait oser - Memphis si le krimi allemand a toujours voulu lui aussi repousser les frontières de la censure locale - comme en Italie. Italie, d'ailleurs, où le réalisateur semble repiquer carrément la séquence du meurtre dans le parc de 6 Femmes pour l'assassin (le tueur y compris qui lui ressemble). maintenant, les films étant sortis quasi simultanément, hasard? coïncidence? (bon, comme le giallod e Bava a tout repiqué sur le "giallo" suédois Mannequin In Red, on est plus à ca près...)
Mais visuellement, c'est splendide. le jeu des ombres et les perspectives, le sens de la menace. Bien joué.
Dommage que les auteurs aient voulu coller un duo comique de détectives amateurs, ressemblant ainsi aux personnages joués par eddie Arendt dans la série de Krimi adaptés d'Edgar Wallace, le père. Ca ne sert à rien du tout et le comique est un peu lourdingue.
Mais contrairement aux adaptations de la Rialto, le ton est beaucoup moins au second degré.
les fausses pistes abondent, évidemment, peut être un peu trop - mais ça suite une mécanique bien huilée et donc, pourquoi se départir d'un modèle qui marche?
Le film sort du commun via sa mise en scène inventive, ses ruelles de Londres (tout en studio, sauf les plans de coupe) nimbées de brouillard, atmosphère d'épouvante comprise. pas mal.
Le film est à ma connaissance inédit en France. Il est sorti aux USA au cinéma et en DVD en 2006- et disponible en Allemagne en Blu ray?
Vu sur Youtube, en version scope allemande avec st anglais.
NB: le titre parle de "London City" pour la raison que Jack L'éventreur est appelé là-bas "Das Ungeheuer von London", donc fait pour éviter le confondre, même si le film joue clairement sur les deux tableaux.
NB 2 :le réalisateur et l'acteur principal ont fait l'année d'avant un autre Krimi assez délirant , The mad executionners. (qui lui est supérieur)