Licensed to Kill - Arthur Dong (1997)

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Superwonderscope
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Licensed to Kill - Arthur Dong (1997)

Message par Superwonderscope »

Victime d'une agression en 1977, le réalisateur Arthur Dong décide d'interviewer plusieurs meurtriers d'homosexuels, et tenter de comprendre pourquoi autant de haine et d'envie de tuer.

Un documentaire qui fait littéralement froid dans le dos. Avec un choix de laisser parler les meurtriers face caméra, quasiment sans poser de question ni intervenir, le documentariste (ré)ouvre des plaies béantes. Il entrecoupe les séquences avec des images de police. C'est brutal, sans concession. des vraies images des hommes tués, mutilés, massacrés - puis leur bourreau qui s'exprime. Chaque séquence se referme avec une image de la ou les victimes, et leur age.
Le parti pris de laisser une réalité brute, sans foncer dans le film militant, est un pari risqué (surtout en 1995) et cela en dérangea beaucoup lors de sa diffusion.
Et de savoir se retrouver face à face avec la haine, avec ceux qui ont voulu la mort du réalisateur, je me disais qu'il fallait énormément de courage. Dong a choisi délibérément des meurtriers médians. pas de neo nazis, de fanatiques religieux, des choix trop faciles... des humains, selon ses mots, qui marchent parmi nous sans qu'on s'en aperçoive.

Hormis un, aucun n'exprime de remords. Pire encore, l'un d'entre eux, un redneck-mullet pas très fin, indique que "c'est toujours un problème en moins dans le monde" entre autres horreurs détachées.
Deux dénominateurs communs : baignés dans la religion qui construit leur haine + syndrome de masculinité toxique et la volonté de suivre les copains pour piquer du fric aux gays, car c'est connu, ils en ont plein.

le pire est que beaucoup ont un discours articulé, réfléchi, pensé - mais pas très brillants intellectuellement parlant. Au profit d'idées saugrenues et de déformations des écritures soi-disantes saintes. L'un d'entre eux a assassiné gratuitement 4 personnes (toutes hétérosexuelles) parce que Bill Clinton voulait autoriser l'entrées de gays et lesbiennes dans l'armée. Son monde de virilité allait s'écrouler (et le système scolaire aussi, selon lui...) donc il a tué. Effarant.

En fait ils utilisent tous des excuses plus que des explications sur "pourquoi l'avez vous fait?" (la question que l'auteur pose à chacun). Cela va de l'éducation religieuse rigoriste, au présupposé viol par un ami de la famille, la bande de potes désoeuvrés qui veulent jouer aux caïds - tous s'en prennent à ce qu'ils considèrent comme une minorité faible pleine aux as. Et l'émergence de la défense de la "panique homosexuelle" comme mode de défense (genre, il m'a fait des avances, j'ai eu peur pour ma vie, je l'ai tué) très en vogue à cette époque. Ce quia conduit l'un d'entre eux à poignarder 27 fois un homme. (et lui voler tout ce qu'il avait.)

Un cas particulièrement retors : Jay Johnson, élevé dans une famille ultra conservatrice religieuse, homosexuel, métis, qui ne trouve sa place nulle part à la fois dans la communauté noire, blanche ou gay. Il développe une haine de lui-même et de ses pulsions... donc il s'engage dans une ballade meurtrière dans gays qui draguent. La manière dont il s'exprime face caméra est incroyable (et horrible), semblant "libéré" de ses actes, dans sa parole comme dans son comportement. C'est peut être le pire de tous, car il n'a pas l'ignorance ou le manque d'éducation (il est brillant), c'est un problème psychopathologique. Il est plus heureux en prison, libéré de sa double vie (ou tout le monde est au courant de qui il est). il est toujours religieux (mais indique que "la religion est quelque chose de vicieux"), toujours gay mais se déteste lui-même profondément.

Une séquence brutale, non montée : un homme harcelé par le fils de ses voisins a décidé de planter une caméra (on parle de 1993) et de montrer ses agressions quotidiennes. la scène est violente, et la réaction de la famille du jeune homme est hallucinante. ce cas a été le premier à lancer la notion de "crime de haine" en Californie.

Liensed to Kill n'est pas un thriller à proprement parler, mais le sens de l'effroi et de dérangement qu'il génère vaut tous les Silence des agneaux du monde. Un plongée sans filet dans les cerveaux d'hommes malades qui confirme que la culture dans laquelle les humains baignent conditionnent leurs actes.

j'ai sorti le Blu ray en me sentant souillé de ce que je venais de voir. Mais un documentaire essentiel. Je comprends pourquoi plusieurs spectateur sont pu partir des projections.


Blu ray sorti chez Kino Lorber dans la collection Arthur Dong, en compagnie de 3 autres documentaires.

iNTERVIEW DU REAL ET EXTRAITS:

Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
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