D'un bouquin populaire aux USA, les auteurs ;livrent un film curieux et attachant sur la puberté, les changements sociaux et le rapport à la religion. Et pour une fois, pas du tout prosélyte sur le sujet - ce qui est souvent rebutant pour moi.
Margaret est en conversation avec elle même et apostrophe un dieu qui ne répond jamais. et qu'elle rend responsable des malheurs qui s'abattent sur elle. Le déménagement, le fait de ne pas être réglée, de ne pas avoir de poitrine, l'éloignement de sa grand-mère (Kathy Bates, drôle et finalement dérangeante). Ce "Dieu" auquel elle parle reflète surtout son angoisse de la puberté qui monte et des conflits qu'elle n'arrive pas à comprendre. Le ton s'avère assez respectueux envers chacun - y compris pour les spectateurs athées ou agnostiques, fait rare aux USA -, mettant en avant des parallèles sur les obligations de culte et morales des deux religions entre lesquelles chacun veut la faire tirailler.
Le portait de la jeune fille bienveillant, plein d'empathie, ne cède jamais a la facilité ni aux stéréotypes. Il tente d'expliquer la curieuse ,navigation dans les eaux troubles de la religion organisée ( la crise familiale entre la grand mère juive et les grand-parents catholiques dévots est assez violente) et les relations d'adolescentes qui fomentent malgré elles-mêmes du harcèlement envers d'autres. Sa crédulité et sa vulnérabilité la rendent aveugles de son impact autour d'elle, c'est bien vu.
Passant d'un mode de vie bohémien à l'apparente modernité organisée de la vie banlieusarde, la famille va graduellement prendre / perdre (?) ses marques. Rachel McAdams fait encore mouche dans le rôle d'une mère fantasque, mais elle aussi perdue - et abandonnée.
Le ton peut sembler léger et inconséquent, mais le film prend sérieusement les problèmes de l'adolescence. Sans blague facile. Le pire étant que je ne suis pas du tout la cible de ce roman écrit en 1970, mais cela réussit à aller au-delà avec des portraits auxquels on peut se sentir proche du fait des tourments intérieurs et de l'approche de l'age adulte. Il y a des spécifiâtes sur le personnage central, mais le côté universel l'emporte.
En replaçant le livre dans son contexte, il avait été longtemps controversé aux USA pour permettre à une pré-adolescente d'avoir un avis sur la religion et pire, de faire son propre choix sur l'existence de dieu - ou pas.
Le film avait été un semi-échec à sa sortie, et je crois est demeuré inédit en France.
Vu sur ^rime.
