Putin (2025) - Patrick Vega

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bluesoul
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Putin (2025) - Patrick Vega

Message par bluesoul »

Il est partout, absolument partout. Maintenant, meme dans les salles de cinema (mais pas en France).



Puise la nouvelle via Courrier International.

Lien vers l'article en question.
https://www.courrierinternational.com/a ... nds_226670

Pour la posterite:
Spoiler : :
Cinéma. “Putin”, le faux biopic de Poutine qui passionne les médias allemands

Patrick Vega est un cinéaste polonais connu pour ses productions trash. Son dernier film, inédit en France, est un biopic fantasmé de Vladimir Poutine, réalisé avec l’aide d’une IA. Étrangement, s’il a fait un flop en Pologne, où il est sorti début janvier, il fait l’objet d’analyses très sérieuses dans la presse allemande.

Publié le 22 janvier 2025 à 05h00

La Russie, en 2026. Le pays est ravagé par la famine et, aux frontières, les armées occidentales refoulent les Russes qui tentent de prendre la voie de l’exil. Vladimir Poutine, lui, est à l’hôpital, moribond. Quand le film débute, des infirmières sont en train de changer ses draps souillés. “La caméra s’attarde, bon, pas avec délectation, mais très longuement, sur les excréments du président”, décrit la Süddeutsche Zeitung.

Montrer un dictateur en fin de vie, alors que son corps le lâche, est un thème déjà maintes fois abordé, en littérature comme au cinéma. Mais la scène décrite provient d’un bien étrange objet cinématographique, souligne Der Tagesspiegel, un autre quotidien allemand :

“Ce qu’il y a de perfide dans cette première scène, c’est le visage de Poutine, qui a été reconstitué à l’aide de l’intelligence artificielle. Pendant un moment, l’illusion est parfaite.”

Bienvenue dans Putin, le dernier film du cinéaste polonais Patryk Vega. Le long-métrage est sorti en Allemagne et en Autriche le 9 janvier, puis en Pologne le 10 janvier. En France, il reste inédit.

“Mais qu’est-ce que c’est, alors ?”

De ce côté de l’Europe, le nom de Patryk Vega ne dit sans doute pas grand-chose. Mais, dans son pays, cet homme de 48 ans, crâne rasé et tatouages jusqu’au cou, est une star. Un scénariste, réalisateur et producteur qui cartonne au box-office mais dont les productions sont boudées par la plupart des médias. “Il est l’enfant terrible* du cinéma polonais”, euphémise la Frankfurter Rundschau, un quotidien de Francfort. Il est le spécialiste du “trash” et de la “grossièreté”, résume plus abruptement Onet, un média en ligne polonais.

En Pologne, Putin a fait en flop. Le quotidien conservateur polonais Rzeczpospolita relève que “moins de 40 000 personnes” ont vu le film le week-end de sa sortie, quand le précédent long-métrage de Patryk Vega en avait attiré 200 000. “S’il ne relevait pas de mon devoir de journaliste, je serais sorti du cinéma au bout de cinq minutes, mais je me suis sacrifié pour prévenir les autres spectateurs”, tance le critique d’Onet.

En Allemagne, c’est une autre affaire. Le film, s’il n’a pas fait d’étincelles au box-office, a été regardé avec curiosité par les grands journaux du pays, qui dissertent pour déterminer ce qu’on leur a mis sous les yeux. À l’instar de la Süddeutsche Zeitung :

“Il faut quand même préciser que Putin n’est pas un biopic au sens strict du terme. Ni au sens large. Ni en quelque sens que ce soit, d’ailleurs. Mais qu’est-ce que c’est, alors ?”

Une idée audacieuse

Le long-métrage, un film de série B comme Patrick Vega en signe à la chaîne, reprend le parcours du dirigeant russe depuis son enfance sur le pavé de Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg), quand il commence à faire le coup de poing au contact des gangs des rues. Entre exagération, caricature et franche invention, il “prend de grandes libertés” avec les faits, prévient la Süddeutsche Zeitung. Et ne craint pas de montrer son personnage dans des situations avilissantes, dès sa scène d’ouverture.

“La biographie fantasmagorique de Poutine réalisée par Patryk Vega est tout sauf raffinée. La subtilité ne fait pas partie des qualités de ce réalisateur controversé, reconnaît le Tagesspiegel. Mais mettre à nu l’autocrate russe grâce à la technologie du deepfake, il fallait quand même y penser.”

Dans cette perspective, le film devient “plus qu’une interprétation polémique de la vie d’un dirigeant”, élabore la Frankfurter Allgemeine Zeitung, un autre quotidien allemand :

“Il s’agit à certains égards d’une tentative de meurtre par le cinéma.”

Copier Poutine pour le démasquer

Interviewé par la Frankfurter Rundschau, Patryk Vega dit avoir voulu entremêler biopic et regard sur l’époque actuelle, avec la guerre en Ukraine en toile de fond. “Je qualifierais le genre que je sers de live history [‘histoire en direct’]”, ajoute-t-il, expliquant que c’est pour cette raison qu’il lui a semblé impossible de travailler avec un acteur grimé : “Tout le monde connaît la tête de Poutine.”

Patryk Vega a donc décidé de confier le rôle à Slawomir Sobala – un acteur polonais habitué à parodier le dirigeant russe –, mais en lui modifiant le visage. La technologie existante du deepfake a vite montré ses limites : “Il est facile de créer un deepfake pour le smartphone, par exemple un Donald Trump avec une certaine mimique, un rire, dans une vidéo d’une minute”, explique encore le cinéaste. Mais tourner un film de près de deux heures, destiné à être projeté sur grand écran, requiert une tout autre finesse dans le rendu des expressions du visage. Avec l’aide d’un studio californien, le cinéaste a donc mis deux ans à programmer une intelligence artificielle sur mesure, baptisée “Exis AI”.

Cette quête de ressemblance devait, pour Patryk Vega, servir à mieux démasquer Poutine : entrer dans sa tête, mettre au jour ses ressorts intimes, ses faiblesses aussi. Il aurait pu aller chercher ces dernières dans la vie sexuelle du maître du Kremlin. Il préfère les trouver dans la peur de la finitude que cache, selon lui, le visage botoxé du dirigeant. “Poutine est un lâche et a une peur panique de la mort”, assène-t-il au quotidien autrichien Der Standard.

La sagesse du navet

Le portrait qu’il brosse est aussi cruel que boursouflé. Putin peut ainsi se regarder “comme un pamphlet qui recourt à l’obscénité pour révéler une personnalité impossible à approcher autrement, analyse la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Une forme de revenge porn [‘porno de vengeance’] dont la pornographie ne réside pas dans l’acte lui-même mais dans sa crudité, dans le fait qu’on montre tout, sous un éclairage blafard.”

La Frankfurter Rundschau poursuit sur le même registre :

“Putin est un film mème. Il compte des dizaines d’images mémorables qui auront une longue vie sur Internet.”

Mais cela fonctionne-t-il ? “Dans Putin, faits, inventions et délires se fondent en un mélange politiquement douteux. Mais l’humiliation est peut-être la dernière arme des impuissants”, décortique Der Tagesspiegel. Malheureusement, la satire finit par devenir “complètement inopérante” à force de monter toujours plus dans la surenchère, juge la Süddeutsche Zeitung. “Tout ça n’est qu’un pétard mouillé, tout ça n’est que du bruit, tout ça n’est pas sérieux et n’a justement rien de vraiment révélateur. Poutine ne devrait pas s’en sortir aussi facilement au cinéma.”

D’autres journaux germanophones, plus étrangement, ont cherché dans Putin des clés pour comprendre le dirigeant russe et traiter avec lui. “On peut dire que ce film est un navet”, concède la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Mais il a au moins le mérite de rappeler à quel point Vladimir Poutine “est imprévisible pour un monde politique occidental qui mise toujours sur la rationalité”, ajoute le quotidien de Francfort. Et ainsi, conclut le Standard, le film pourrait constituer une “belle source d’inspiration” pour nos dirigeants – s’ils avaient toutefois besoin d’un navet polonais pour se rappeler que Poutine ne comprend que les rapports de force.

*En français dans le texte.

Marie Bélœil

En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
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