
Attention, critique salée.Trois femmes, dans un appartement à Marseille en pleine canicule. En face, leur mystérieux voisin, objet de tous les fantasmes. Elles se retrouvent coincées dans une affaire terrifiante et délirante avec comme seule quête, leur liberté.
Un point de départ intéressant, malheureusement très vite abandonné par la réalisatrice qui ne fait rien de l'immeuble, rien du voisinage, rien de la canicule et rien de Marseille. Le script se veut un point d'équilibre entre le film de copines, la comédie noire, le fantastique et le manifeste féministe, mais il foire tout et se prend les pieds dans tous les tapis disponibles sans jamais savoir où il veut aller, si ce n'est énoncer de manière le plus frontale possible, face caméra, parfois jusqu'au cringe, son discours sur la dénonciation du viol comme une mauvaise action.
Un propos évidemment à soutenir mais qu'il aurait mieux valu accompagner d'un meilleur écrin, tant en l'état le film parait ne chercher qu'à parler aux convaincus, quitte à se tirer une balle dans le pied en ressemblant à une parodie de militantisme woke écrit par un réactionnaire, avec des séquences hallucinantes de sérieux (la pénétration enthousiaste de la terre humide suivie d'une scène de masturbation sur rocking-chair), une dichotomie discutable (la sororité n'est que bonheur, la masculinité n'est qu'agressivité) et une résolution finalement très rape and revenge de sa problématique.
Reconnaissons à Noémie Merlant de donner de sa personne, avec un nombre très élevé de plans-nichons, voire de plan vulve, dont il n'est pas toujours évident qu'ils soient indispensables au propos. Sur le plan formel, la réalisation est souvent aux fraises, avec du extra-shaky cam gratos, un jeu d'acteur très français, un montage assez embrouillé et un récit de forceur qui a sans cesse besoin de faire artificiellement rebondir la gestion d'un cadavre afin que tout ne soit pas plié en 20 minutes.
S'il fallait tenter de sauver quelque chose de ces décombres, notons une jolie photographie, des actrices impliquées et la scène du viol conjugal qui rend parfaitement la subtilité du processus et la violence de son déroulé (même si je l'ai justement trouvé d'une rudesse en rupture avec le ton du film). Je ne remets pas en cause la sincérité et la volonté de bien faire de Merlant, qui se serait inspirée d'agressions lui étant malheureusement arrivées, mais l'expérience en salle a vraiment été douloureuse.