A voir la scène d'ouverture, vous n'aurez aucun doute: il s'agit d'une version égyptienne très largement inspirée du Rocky Horror Picture Show. On est assez loin des conneries turques qui démarquant et empruntaient le cinéma US. Ici, l'auteur, qui avait mis tout l'argent familial dans le projet, souhaite effectuer une satire du mode de vie égyptien à la fin des années 70.
On est pas vraiment dans un univers glamrock, mais plutôt disco-rock-cheap. Avec l'intervention d'un narrateur en mode surjeu qui explique face caméra l’a tien et comment comprendre les vampires
.pas de Time Warp, mais une séquence hallucinatoire de danse évocative par des acteurs grimés et habillés en mode Kiss, masques d'Halloween et maquillages outranciers. La séquence dure très (trop?) longtemps mais c'est quand même suffisamment WTF pour maintenir l'intérêt.
C'est assez drôle par moments, notamment ou le Dracula en question explique ses ancêtres : Vlad Dracula, Nosferatu et un autre membre qui a abandonné l’école et fini par devenir un acteur célèbre (plan sur le portrait de Christopher Lee). Nonchalamment, il leur propose de voir un film 'je préfère un film en arabe" et de montrer ce que je crois reconnaitre être un film de Youssef Chahine (avec Hitler souhaitant envahir Alexandrie?). le film emprunte , en mode référentiel, des extraits musicaux de La Malédiction les Dents de la mer... ca pousse même le clin d'oeil à ce que Dracula porte un tshirt de Rocky Horror.
Souvent filmé en grand angle, à grands renforts de machine à brouillard, vent dans les rideaux, capes en forme de chauve souris, des habitants de la demeure comme un chœur antique, on est vraiment en mode second degré - dans une comédie musicale made in Cairo.
Cartoonesque également, avec des "Bam!" et autres cariions informatifs en mode bande dessinée. J'aime beaucoup aussi l'image finale avec le narrateur
Spoiler : :
Reste que sur 1H40, c'est parfois un peu (beaucoup) longuet. Je dois fatalement manquer des références, des codes et l'humour. mais ça reste une expérience cinématographique hors du commun.
Le film avait un échec financier qui laissa l'auteur sans le sou. Il réussit néanmoins à réitérer trois autres films d'horreur avant sa mort en 1996.
Pour les curieux, le film est disponible sur Youtube en arabe sous-titré anglais. C'est approximatif, mais c'est ça ou rien: