3e version de la pièce de théâtre éponyme (après les version de 1928 et 1936), cette fois-ci mise a jour et adapté comme rampe de lancement pour Joan Crawford. Dans le rôle d'une femme mariée qui contrôle tout : sa maison comme un musée, son mari comme animal de compagnie et prête à mentir sur tout pour garder sa place dans la société.

Par rapport à la version de Dorothy Arzner:
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on est un net cran au dessus. Qualitativement parlant, mise en scène, interprétation, écriture scenaristique... Columbia a bien fait de débaucher Sherman et Crawford.
Quelques éléments ont été évacués, comme l'histoire bien inutile du double meurtre dont Harriet était l'élément déclencheur malgré elle.
La plupart des seconds rôles ont été étoffés, enrichis de véritables persoannlites, ce qui explique aussi le passage de 75 á 95 minutes.
Ayant vus les deux versions coup sur coup, Sherman et la Columbia ne se sont pas vraiment foulés sur les décors. ce sont quasiment les memes constructions: l'escalier central, le hall d'entrée, la disposition de la cuisine, la salle a manger et la fameuse cheminée. Peutre cela provient il de la piece de théâtre, mais la reconstitution - y compris pour les scène extérieures avec la voisine dont Harriet devient jalouse, même positionnement.
Pour le reste, la photographie noir et blanc est positivement admirable en tous points, un modele de jeu entre clair et obscurité, jeu sur les regards, ombres menaçantes le long des murs. Splendide.
Crawford est impériale de colère froide, manipulatrice, séductrice: un vrai poison féminin, s'insinuant de manière insidieuse dans la vie de chacun, pour en changer le cours et satisfaire sa volonté de domination. Vu de notre époque, c'est évidemment totalement dépassé et caricatural, mais la aussi, le scénario s'éloigne de l'origine phallocrate de la piece et étoffant l'histoire d'Harriet Craig - et les raisons menant a son caractère ultra trempé.
Ce qi est etrange: pourquoi Crawford a t elle poursuivi ce rôle? a voir certains éléments, a se demander si elle n'a pas pense que c'était une réflexion de sa propre vie. La cuisinière indiquant que Mme Craig voudrait emballer la maison de cellophane, renvoie a la manie que Crawford avait de plastifier meubles, rideaux et de n'avoir que des fleurs en plastique. Entre autres détails. Ce qu'il y a de plus vicieux est, pour qui connait l'histoire de Joan Crawford grande control freak devant l'éternel, l'étrange parallèle entre les deux femmes. Crawford EST Harriet Craig à plus d'un titre.
Avoir rendu Wendell Corey en mari amoureux transi et transparent ne rend que mieux sa révolte finale. Les meilleurs demeurent la cuisinière, la seule a voir dans le jeu de sa patronne et la aussi, lui sachant ses vérités a la fin.
Un mélodrame bien huilé - qui a du probablement service de matrice a Frank Perry pour son Maman Très chère, un film a rehausser impérativement.
En Blu Ray chez Indicator.