
Je ne suis pas un fan de Jose Giovanni, son écriture a la pelleteuse et sa camera-massue. Malgré un sujet qu'il connait (ancien détenu condamné a mort), il livre un thriller anti-peine de mort teinté de scandale politico-financier tres en vigueur a l'époque ou le film est tourne. Là où Boisset avait la main un peu plus heureuse, c'est ici assez pachydermique et bardé de retournements de situation finaux un peu inutiles. Un peu le contraire de Deux Hommes dans la Ville.
Hormis les acteurs principaux, dont un Bruno Cremer tout en retenue en responsable de centre de reeducation pour anciens drogués, Annie Girardot en passionaria du barreau - son réquisitoire qui commence le film est vibrant, elle y donne de sa personne. Mais meme si le role a été écrit pour elle, elle fait ce qu'elle sait faire de mieux sans vraiment que Giovanni réussisse a l'ìnserer dans son monde. Brasseur en mode dans ta face y est a l'aise, tout comme Jacques Perrin en inspecteur de l'IGS au role assez ambigu. On y voit des petits nouveaux comme Richard Anconina, pas encore affublé de ses tics, tout comme Arielle Dombasle, encore éloignée de son personnage actuel. Raphael Delpart, aussi, juste avant de tourner la Nuit de la Mort.
Amusant aussi de voir Albina du Boisrouvray, productrice de Fort Saganne ou de Paulina 1880, qui s'auto-parodie en bourgeoise de Neuilly évanescente. (je crois a la demande de Girardot avec qui elle venait de produire Cause toujours tu m'intéresses)
Des seconds roles mal diriges et qui jouent a cote de la plaque (Catherine Allegret joue hyper mal, le patron des flics intervenant dans le ferme... il y a toute une collection), des sequences romantiques plaquées qui ne servent pas a grand chose... il y a un peu trop de gras autour de tout cela, comme si le film voulait trop en décrire.
Restent des cascades sont impressionnantes parfois - Brasseur en a fait la quasi totalité, et un final tendu, meme si l'image de fin reste tres en phase avec tout ce qui se faisait a l'époque - a savoir une pontique Giscardienne toute floue et la fin des executions capitales avec l'élection de Francois Mitterand qui se fera juste après la sortie du film. Les petites sequences d'échanges entre avocate et détenus, bien vues, on sent le vécu.
Un film imparfait en mode 'qui trop embrasse mal etreint', mais un sens du sujet politique perdu depuis, contradictoire dans son monde d'hommes figé dans une decade de fin de règne et un polar francais au savoir-faire indéniables mais qui marque aussi la fin d'une époque.
Le film avait par ailleurs été un semi-échec avec 621 384 entrees au compteur. Le polar made in France perdait aussi du terrain, il n'y guère que 3 films du genre au dessus en terme de résultats, a savoir Le professionnel, Pour la peau d'un flic ou le Choix des Armes. Eminemment moins politiques, aussi.
Le Blu Ray Point de Mire offre une image plutôt agréable mais un son parfois deplorable, parfois etouffesigne que le matériau d'origine ne devait pas être au top. Ou alors qu'ils s'y sont pris comme des manches.
Amusant de voir le film en node ·seance d'epoque avec le film annonce de l'Etoile du Nord (qu'est ce qu'elle était mal fichue!) des pubs d'époque, dont la Woolite avec Annie G,.
Il y a aussi un supplement parfaitement épouvantable de Julien Comelli, mise en scene ridicule en montagne suisse et contenu comme d'habitude inexact et avec des raccourcis. Pour un genre qu'il semble ne pas aimer. Mais il se prend pour qui?