Voici un titre français concis et tout à fait exact sur la nature du film qui s'intéresse au parcours d'un rônin miséreux qui voit dans la pratique du go un espace préservé de calme et de sincérité, au milieu d'une société injuste et crapuleuse. Le jeu est bien mis en valeur dans son déroulé comme dans sa symbolique, avec des éléments de contexte historique validés par ses adeptes présents dans la salle. Pour autant, le récit surprend par ses soudaines échappées vers des genres plus 70's d'honneur à laver, de vengeance à accomplir et d'escrime chaotique et mortelle dans des rades yakuzas. Le respect des œuvres d'époque va jusqu'à reprendre (volontairement ?) des postiches un peu visibles.
J'ai bien aimé la mise en scène sociale de la noblesse déchue dans des quartiers déclassés où la bonne humeur apparente ne peut empêcher l'irruption soudaine de la violence (le personnage maternant d'Oko qui se révèle maquerelle impitoyable, ou le rônin qui tente de truander le marchand sous la menace du sabre). Le film prend toutefois le temps de montrer des scènes de vie, des danses traditionnelles, des ambiances plus lourdes de jeu avec argent... Il porte également un regard en partie critique sur l'intransigeance du héros, certes célébrée comme valeur qui le tient encore debout, mais dont le coût personnel et collectif s'avère très élevé, jusqu'à l'entrainer vers un dénouement bien sombre.
Au rayon des ratés, le scénario souffre de quelques grosses ficelles (la fausse accusation de vol qui repose sur beaucoup de quiproquos et non-dits), et la photographie est, au mieux, très inégale. La réalisation est sage mais la prestation des acteurs est sympa, que ce soit Tsuyoshi Kusanagi (son faciès émacié imperturbable sied vraiment au personnage) ou Jun Kunimura en bourgeois qui s'ennoblit l'âme par le go véritable. Une jolie découverte.