Guy Maddin vient de la scène expérimentale, et cela se sent assez rapidement dans Rumours où la recherche de mises en situation vaguement loufoques semble suffire à son auteur, quitte à ne pas vraiment faire de film autour. Le thème principal de la vacuité des grands discours internationaux est le seul truc qui fonctionne à peu près, avec une obsession des dirigeants du G7 pour leur déclaration provisoire, quels que soient les événements du moment (cela donne au film une parenté étrange avec Doutes). Mais pour le reste, il n'y a vraiment pas grand-chose à sauver : le rythme est inexistant, aggravé par des allers-retours incessants entre les mêmes lieux vides, l'humour est au mieux très épars, et le vague élément fantastique est inutile et inexploité. Les personnages, socles du récit, ne sont même pas bien brossés, avec une mono-caractérisation : l'Américain (incarné par Charles Dance !) est vieux, le Canadien est sensible mais fougueux et queutard (clairement le héros du film), l'Italien est idiot, le Français est arrogant (avec une ressemblance perturbante de Denis Ménochet à Gérard Baste), l'Anglaise a un ordinateur portable, l'Allemande est... heu, rigoureuse ?, et le Japonais n'a pas de trait particulier.
Rumours offre ainsi un spectacle interminable dont j'ai failli ne pas voir le bout, ce qui aurait été malheureux car la scène finale est assurément le meilleur passage, redonnant même un peu de corps à son pitch initial (il faut toutefois se fader obligatoirement l'ennui qui le précède pour en profiter). Mais entendre que Ari Aster, ici producteur, compare ce film aux Monthy Pythons, y'a de quoi s'offusquer et lui suturer le bec pour qu'il arrête de dire de telles conneries. On pourrait aussi débattre du manque de vision historico-politique de Maddin à se moquer des réunions multilatéralistes dans une époque où la loi du plus fort semble revenir au premier plan.
