
Premier film de Wong Jing et terrain de préparation à sa future saga éparse des God of Gamblers (d'où sa présence dans le coffret de Spectrum Films), Challenge of the Gamesters montre déjà tout l'attrait de son réalisateur pour les pots-pourris de genres : des affrontements aux jeux d'argent, du kung-fu, de la comédie, des intrigues dignes d'un roman d'espionnage... Le Roi des Imposteurs (Patrick Tse) et l'Imposteur Junior (Wong Yu) se retrouvent embauchés par un envoyé gouvernemental (Melvin Wong, déjà flic mais pas encore commissaire) pour faire tomber l'Imposteur Suprême (Chen Kuan-Tai) et récupérer une liste d'espions japonais infiltrés à Shanghai.
Notre héros, et sa perpétuelle classe vestimentaire, est ainsi imbattable à tout type de jeux (au billard, il fait rentrer toutes ses boules en un seul tir), même s'il n'utilise pas de tricks particuliers - juste sa puissance innée de manipulation de la réalité. Par contre, son emploi des cartes métalliques comme armes de jet vaut le détour (superbe scène d'exécution en simili-skateboard !). Le film sait ainsi dérailler dans l'excès, lors de la baston avec des malfrats colorés dont le tabassage est synchronisé avec une partie de billard, ou de l'irruption de l'assassin PolyLames (un blase mérité). A noter également un plan-nichon (avec poils axillaires), ce qui est loin d'être fréquent à la Shaw Brothers.
Le plan final pour arnaquer l'Imposteur Suprême est complètement insensé, et malgré un rythme inconstant, on passe un bon moment devant ces aventures et retournements de situation. En bonus du BR, Arnaud Lanuque revient sur les influences de Wong Jing (sa mère addict au mahjong qui a éprouvé sa famille avec ses dettes, et les films de ninkyo eiga des 60's qui comprennent souvent des histoires de jeux d'argent) et sur la nature de Challenge of the Gamesters comme préquelle d'une série TV à la mode où officiait déjà Patrick Tse.