Assez inattendu sur la forme, lefilm commence par un long plan aérien qui suit deux oiseaux survoler un village irlandais à la fin des années 50. Le tout sur la voix off de Patrick "Kitten" qui narre son histoire en une trentaine de chapitres jusqu'en 1974.
Abandonné par sa mère asur le perron de l'église dont le prêtre (Liam Neeson) le prend sous sa protection. jusqu'à le confier à une famille d'adoption. Patrick (Cillian Murphy) ne tarde pas à montrer un gout pour le deguisement/travestissement, un caractère extraverti et surtout un rejet du sérieux. Ses aventures coïncident avec l'éveil de la révolte nord-irlandaise contre le pouvoir britannique.
le grand atout du film : l'interprétation de Cillian Murphy. il est absolument hallucinant! Un mélange de naïveté, d'innocence et de force de caractère qui détonne complètement. Son interrogatoire par la police londonienne après un attentat dont il est suspecté d'êtrele responsable résum à lui seul le film. Il a beau se faire tabasser et à moitié étrangler, il garde un calme et son sens de la répartie de manière déstabilisante.
Jordan aurait pu se contenter de faire défiler le personnage de Patrick à travers ses épisodes tragi-comiques, il frappe toujours au moment où la narration le sent le moins pour donner une touche dramatique (et violente) au récit. L'attentat dans la boite de nuit, les éruptions de violence terroriste, les morts de certains de ses anciens camarades de jeu... ces drames rythment le film aumême titre que l'évolution du personnage de Patrick/Kitten. Toute une ambiance irlandaise 70's, sans fioriture ni embellissement, sans vélleité de glorifier la violence -ni la condamner, par ailleurs , avec un sens du détail assez incroyable - la reconstitution de l'époque vaut le détour. La violence, une nécessité de l'époque? Quelque chose d'inéluctable? Le regard porté reste distant, amer parfois.
Jordan excelle au contre-emploi des acteurs engagés : hormis Cillian Murphy, Bryan Ferry en psychopathe suave, Liam Neeson en prêtre au comportement hétéroclite, Brendan Gleeson en acteur violent/bourré et la palme revenant à Stephen Rea, en magicien amoureux de Kitten et qui n'hésite pas à l'utiliser dans son acte, à la limite de la moquerie et de l'admiration.
C'est bien là la qualité principale du film, c'est de ne jamais se moquer de ses personnages, de ne pas en faire des pantins d'une histoire assez crue. Une histoire très riche et qui tient largement ses promesses sur les 129 minutes du métrage, des implications personnelles à celles plus politiques. Sans céder à la facilité du discours politique qu'il aurait été aisé de tenir. Jordan prolonge ainsi (un peu) le travail commencé sur The Crying Game, sur la dualité/ le flou de l'identité (qu'elle soit sexuelle ou non), de l'engament politique, de l'amertume d'une époque et surtout de l'optimisme quasi inné -malgré leurs blessures-des plus oppressés.
Vivement recommandé.
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