Mort à Venise, un chef d'oeuvre intemporel !!!

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cinetudes
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Mort à Venise, un chef d'oeuvre intemporel !!!

Message par cinetudes »

Salut à tous,

et pour inaugurer le renouveau du forum je viens vous parler de ce film incroyable qu'est Mort à Venise de Luchino Visconti.

Visconti adapte une nouvelle de Thomas Mann et ce faisant nous offre un film unique, un véritable poême filmé sur la fin de vie d'un grand compositeur de musique remettant sa vie, son oeuvre et ses convictions les plus profondes en cause lors d'un séjour à Venise.
Il va s'accorder le droit de tomber amoureux d'une jeune garçon qui lui fait perdre la tête alors que toute sa vie il à controlé de façon rigide ses sentiments afin d'accéder à la quintessence de son art.

Visconti compose un véritable poême visuel et sonore dont la superbe photographie de Pasqaulion de Santis et la bouleversante musique de Mahler sont les composantes principale.
Dirk Bogarde y est magistral et sa performance malgré le peu de paroles qu'il prononce y est des plus troublantes.
A la manière d'u n Kubrick dans 2001, Visconti en grand artiste opératique transforme le style littéraire plutôt interiorisé de Mann en une splendeur audiovisuelle qui provoque chez les spectateurs prêts à l'expérience une foule de sensations, d'émotions et de questionnements inépuisables et d'une profondeur rarement attiente au cinéma.

Alors sachez que ce film demande des efforts et de l'adaptatbilité de la part de ses psectateurs du fait de son rythme contemplatif, de la profondeur des questions soulevées et du peu de dialogues explicatifs, mais une fois rentrés dans le film les efforts que vous aurez fournis pour le faire vous seront rendus au centuple par les talents combinés de Mann, Visconti, Mahler, Bogarde et des techniciens du film.

J'espère que certains d'entre vous l'ont déja vu et viendrons appuyer cette présentation et que pour les autres elle vous donnera vraiment envie de découvrir ce film.

Stefan
Modifié en dernier par cinetudes le ven. avr. 30, 2004 1:16 pm, modifié 1 fois.
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marcellus
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Message par marcellus »

hello à tous, content de vous retrouver !

j'appui ton point de vue. Mort à Venise est un de mes films préféré. Il possède des qualités esthétiques indéniables (musique de Malher notamment).
Je n'aime pas trop employer le terme de chef-d'oeuvre (trop souvent galvaudé) mais là je crois qu'on peut le qualifié ainsi...
Cependant je comprends qu'on puisse ne pas accrocher à son aspect contemplatif et à la lenteur (langueur) de sa narration...
cinetudes
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Message par cinetudes »

Marcellus tu me fais plaisir !!

Moi aussi j'emploie trés peu le terme chef d'oeuvre mais dans le cas de ce film le terme est parfaitement approprié tellement si l'on rentre dedans les sensations qu'il fait ressentir sont intenses.

Ceci dit effectivement le film est plutôt difficile d'accés mais il mérite vraiment que l'on fasse des efforts pour profiter de ses splendeurs et des intenses moment de pure poésie cinématographique qu'il distille.

Stefan
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DPG
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Message par DPG »

J'en avais beaucoup entendu parler et j'ai eu la chance de le découvrir il y a qques semaines, sur grand écran :D . Et je n'ai pas été déçu, c'est largement au niveau de sa réputation. J'avoue qu'au début, j'ai eu un peu de mal à rentrer dans le film, je m'ennuyais un peu, puis peu à peu, je suis rentré dedans et à la fin, je ne pouvais plus décrocher, j'étais envouté :D Et le final avec Tadzio dans l'eau et le soleil couchant. :D Sublime.
cinetudes
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Message par cinetudes »

DPG, tu as trouvé le bon terme ce film est définitivement envoutant !!

Stefan
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Haribo
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Message par Haribo »

c'est pas permis de faire des films aussi beaux.
C'est un des rares trips contemplatifs qui m'absorbe à chaque fois. Il y a un tel soucis du détail, une telle exigeance de tous les plans... oui ca fait clairement partie des films qui donnent ses lettres de noblesse au cinéma.
On sent le côté "vie retiré dans ses chateaux" du réalisateur comme jamais et quand on voit le résultat on se dit que ca constitue pas seulement une attitude aristocrate un peu hautaine mais qu'il y a une vrai spiritualité dans cette démarche, qu'elle trouve ici une expression d'absolu totale. Sublime.
Bogarde avec son maquillage qui coule sur la plage, le dernier plan... c'est une symphonie de la mort oui, mais ca parle avant tout de la vie.
cinetudes
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Message par cinetudes »

Joliment dit Haribo et inutile de vous dire que je suis ravi de trouver des défenseurs aussi acharnés que moi sur ce forum qui ne s'y prête pourtant pas à première vue, mais j'avais raison d'espérer.

Stefan
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Haribo
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Message par Haribo »

bon tu me mets combien que je fasse ma moyenne, j'ai déjà eu des gamelles en maths je compte sur le sport et le ciné :lol:
rusty james
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Message par rusty james »

...et la musique de Malher !
cinetudes
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Message par cinetudes »

Ce que tu veux comme note !!

Mais bon vu que tu a su apprécier ce film pourtant difficile d'accés et que tu en parles carrément bien je dirais un 20 tout en précisant que je ne suis pas prof.

Stefan
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Battosai
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Message par Battosai »

Pour une fois, je me joins au concert de louange.
Un très grand film. Le film fonctionne a un niveau totalement sensoriel.
L'utilisation de la musique de mahler y est fabuleuse et contribeu grandement a la qualité du film. Le travail au niveau de l'atmosphère est fomidable (un venise vaporeux et fiévreux). Et puis rarement le parfum de la mort n'aura aussi bien été retranscrit au cinéma. Un très grand film a voir absolument en salle...
cinetudes
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Message par cinetudes »

Voici le texte que j'ai écrit pour la critique DVD du Zone 1:

Death in Venice
Synopsis/Présentation

Luchino Visconti a réussi avec Mort à Venise l'incroyable gageure d'adapter de façon fidèle le roman éponyme de Thomas Mann, fidèlement en ce sens qu'il suit les péripéties du roman à la lettre, mais paradoxalement en réussissant à traduire en images les sensations exprimées par les mots de Mann.

Mort à Venise est l'histoire toute simple d'un grand compositeur de musique, Gustav von Aschenbach (Dirk Bogarde), alors que fatigué et dans une impasse créative il se rend à Venise pour tenter de se remettre sur pied aussi bien physiquement que psychologiquement, voire même au niveau de sa créativité. Mais une fois sur place, à force de ressassements, il finira par douter de la vie qu'il a mené, de la forme qu'il a donné à son oeuvre et même de sa propre conception du travail d'artiste. Pour achever de le troubler jusqu'au plus profond de son âme, il va tomber éperduement amoureux d'un jeune éphèbe tout juste pubère, Tadzio (Bjorn Andrezen), qui va s'en apercevoir et jouer avec cette attirance irrésistible de ce vieux monsieur dont il ne sait rien. Von Ashenbach, qui avait toujours mené une vie placée sous le singe du contrôle de ses émotions et de la maîtrise de son comportement, va alors laisser libre court à sa sensualité enfin retrouvée, fusse-t-elle contre nature et condamnable.

Visconti était un aristocrate et un artiste au même titre que Mann, et à ce titre et malgré leurs styles opposés (opératisme contre intériorisation), il comprenait parfaitement les tourments décrits dans le roman de celui-ci. Les deux artistes s'intéressaient aux mêmes sujets, dont la décadence des classes supérieures et la deliquescence d'une société archaïque promise à des changements radicaux. Il décida de rester très simple dans son adaptation, tout en ajoutant à ce récit linéaire des flash-backs primordiaux tirés d'un autre roman de Mann, Le Docteur Faustus. Au cours des ces plages de souvenir, Aschenbach va se remémorer ses conversations passionnées avec son ami Alfred (Mark Burns) sur la nature même de la création, et divers passages de sa vie où il fixa ses opinions sur les questions fondamentales que se pose tout être humain.

Cela permet à Visconti d'enrichir la nouvelle de Mann en se servant d'un autre segment de l'oeuvre du même auteur, remplaçant par la même les immanquables différences qu'il y a entre son film et le roman, du fait même de leur moyen d'expression (littérature contre cinéma). Etre capable de transformer ainsi une "faiblesse" en une force ne peut qu'inspirer le respect et l'admiration. Non seulement ces flash-backs ajoutent du sens et de la profondeur à une oeuvre qui en contenait déja beaucoup, mais de surcroit ils permettent à Visconti d'aérer son film qui sans cela se serait avéré trop linéaire.

De plus, Visconti en tant que metteur en scène d'opéra, avait une compréhension et une appréhension de la musique bien au-dela de celle de la majorité des cinéastes. Grâce à cette capacité, il réussit à faire croire à ses spectateurs que la musique de Mahler à été composée pour le film. A ce titre, la première séquence du film est exemplaire. Elle va donner d'emblée le thème, le ton et la nature mêmes du film qui va suivre. Elle permet à tous les spectateurs d'entrer dans ce film différent, en les prenant aux tripes dès son début mais en usant de moyens inhabituels au cinéma du fait de la difficulté à les gérer. Ainsi au cours de cette scène muette, il va introduire son héros, montrer son désarroi et la beauté de Venise, tout en faisant ressentir au spectateur l'impression de toucher du doigt l'idée même de poésie alors que paradoxalement il utilise le language du réel et du tangible.

C'est grâce à l'association parfaite entre la splendeur et l'expressivité de la musique de Mahler, la beauté des images, leur rythme et le jeu naturel de Bogarde que ce petit miracle va s'accomplir. Le reste du film est à l'image de cette scène : une splendeur de tous les instants, doublée d'une réflexion intelligente sur diverses questions fondamentales à l'être humain, rehaussée par une utlisation sensible et singificative de la musique. Les critiques de l'époque reprochèrent à Visconti un certain académisme alors même que celui-ci au contraire innove, créant une nouvelle sorte de langage cinématographique qui s'adresse à l'âme autant qu'à l'intellect, au conscient qu'au subconscient et en cela, Mort à Venise est l'un des films les plus troublants et marquants qu'il soit et ce malgré un traitement qui ne laissait pas présager une telle réussite.

L'homosexualité naissante du héros n'est qu'un de ses multiples tourments mais elle fut pourtant reprochée au film alors que celui-ci ne traite que d'amour, et que de façon évidente le jeune Tadzio se joue de la passion destructrice d'Aschenbach. Ce même Aschenbach qui a été toute sa vie à la recherche de la beauté et de la perfection au travers d'une attitude rigoureuse et contrôlée (sujet de poémique entre lui et son ami Frank), la découvre en la personne de Tadzio. Il va donc revenir immédiatement vers une façon de vivre plus charnelle et impétueuse, qui va se heurter de façon logique avec le système rigide qu'il avait mis en place auparavant.

Il est alors de suite évident qu'il n'y a rien de tendancieux dans le regard que Visconti porte sur cette "relation", alors que certains distributeurs auraient voulu remplacer le jeune homme par une jeune fille afin de moins choquer leur public potentiel. La magnificence de ce portrait d'un artiste en proie au doute est en partie due au superbe travail de Pasqualino de Santis à la photographie, celui de Piero Tosi à la conception des magnifiques costumes dans le plus pur style 1910, et enfin de Ferdinando Scarfiotti qui supervisa la direction artistique.

La réunion de tant de talents, supervisés par un véritable maître du cinéma, a pour résultat une oeuvre unique et inoubliable qui ne se révèlera peut-être pas entièrement dès le premier visionnage mais vous accompagnera à coup sur durant votre vie, se rappelant à vous lorsque les circonstances évoqueront les questions universelles que pose Mort à Venise.


Stefan
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Jerry Lewis
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Message par Jerry Lewis »

A (re)découvrir :

Le dimanche 28 mai à 22h30 - sur Direct 8

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haxandreyer
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Message par haxandreyer »

Vu une seule fois, au cinéma, et j'ai eu l'impression d'un ENORME (parce qu'il est long en plus) foutage de gueule : j'ai ressenti ce film comme une parodie de film bourgeois et institutionnel, c'est-à-dire plein de musique classique, petit cachet historique, totalement creux, etc...

Bref en plus de m'être ennuyé, je n'ai pas trouvé de qualité particulière à ce film, sinon un vrai pouvoir de dilater le temps. Cela ne me rebute pas dans 2001 (à cause du décalage intéressant : la lenteur s'oppose à l'idée de modernité) ou dans les Malick (parce que le rythme permet au spectateur de projeter ses pensées ou de confronter sa sensibilité à l'histoire). Mais dans Mort à Venise, je n'ai pas trouvé matière à nourrir le vide, je l'ai juste contemplé en égrnant les minutes.

J'essaierai de le revoir, mais mon souvenir me rappelle que j'ai considéré ce film comme une supercherie : j'ai pensé que comme pour l'opéra, ça fait socialement "bien" d'y aller et de s'enthousiasmer en public, même si on n'a rien pané et qu'on a dormi.
Manolito
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Message par Manolito »

Je n'ai jamais vu un spectacle d'opéra autrement que dans des films comme "Don Giovanni", "Carmen", etc. Je n'ai jamais acheté un seul disque de cet art dont j'ignore tout et qui ne m'intéresse pas particulièrement.

J'ai vu "Mort à Venise" un nombre incalculable de fois, c'est sans doute un des plus beaux films de l'histoire du cinéma, tout en restant une approche humble, presque "pédagogique", de la littérature de Thomas Mann. Le Visconti de la première moitié des années 70, le plus grand...

Encore une fois, haxandreyer dit n'importe quoi... :? :? :?
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