Le concept du film est en sois particulièrement attrayant. Pendant une semaine, les morts sont pris en charge par une équipe dans les limbes qui est chargé de les aider à choisir dans leurs existences un souvenir, qui sera recréé et qui sera la seule chose qu'ils emporteront en mémoire dans l'au-delà. Le dépouillement du film est aussi une manière de le rendre particulièrement proche du spectateur. Le cinéma récent joue on l'aura remarqué de plus en plus avec les thématiques des souvenirs et de la mémoire, avec parfois prétexte à une certaine inventivité visuelle. Kore-eda fixe lui ses décors dans un endroit qui pourrait-être un HLM abandonné du coin... C'est particulièrement génial de voir à quel point un petit bout de décor comme celui-ci peut suffire à mettre en scène un film extrèmement ambitieux.
On passe constemment de l'universel au particulier, car malgré tout ces souvenirs sont bien en phase avec une société japonaise qui peut parfois donner à l'individu l'impression de ne plus vraiment vivre pour sois, de ne pas exister en dehors du rouage des conventions. Le paradis c'est un souvenir égoiste, un moment qui n'appartient qu'à sois, au delà du bien et du mal comme s'étonne le jeune décédé qui débarque dans ces bureaux. Il y a un aussi un parrallèle fait avec le monde du cinéma... Cette équipe qui travaille dans les limbes, on la suit comme dans une sorte de documentaire, un Making-off sur des gens qui mettent la vie en image pour l'éternité. Kore-Eda se met donc à s'intéresser avec finalement plus d'importance à cette équipe qui relie les vivants à l'au-delà. "After Life" devient une sorte de "Nuit américaine" très étrange. La jeune passeuse jouée par Erika Oda devient l'héroine du film, et finalement presque plus plus que les interviews des morts, ce sont ses promenades, ses chemins de traverses lors de ses "repérages" qui font le prix de ce très beau film.
