La sublime Ronit Elkabetz est de retour, après son rôle tragique de vieille pute dans le sensible Mon trésor, la revoici resplendissante dans un drame conjugal en somme banal. La séparation progressive d'un couple qui ne peut même plus être sauvé par les enfants. La douleur des non-dits , du quotidien accablant... Quand le bonheur familial devient intolérable et que la raison aspire à autre chose, la vie devient alors invivable.
Ronit joue le rôle d'une épouse au bout du rouleau, écrasée par des rêves et des désirs qui la ronge. La colère, le refus de soumission, la dépression, l'hystérie, le désir de liberté elle incarne tout cela avec un talent époustoufflant.
Film israélien, donc marqué par le poids insupportable de la religion, le film est universel. Il ravive nos souvenirs d'enfance, cette époque où nous pouvions voir nos parents se déchirer, se détruire... Enfin pour ceux qui ont connu une situation semblable. Pour ma part, cela a ravivé de sacrés souvenirs que j'avais enfouis... J'ai tout simplement été bouleversé.
Bon, ptit up pour ce superbe film (j'en ai un peu marre de passer après creep pour les critiques, on pensent très souvent la même chose...)
Visage d'une blancheur de geisha, chevelure d'un noir opaque, une femme regarde la caméra. Autour , des voix d'hommes : elle encaisse sans riposter, déterminée et impassible. C'est le premier plan, et déjà, tout le projet du film est posé.
Une certaine partie de la critique a fait le rapprochement avec Cassavetes : difficile, en effet, de ne pas penser au cinéaste américain devant « Prendre Femme ». La caméra s'attarde longuement sur les visages, y cherche la vérité des personnages, de leurs (ré)actions. Il fallait de grands acteurs pour les incarner. Ronit Elkabitz, après Mon Trésor (dont elle était un des principaux intérêt), confirme son immense talent d'actrice, toujours sur la corde raide. Gilbert Melki, tout comme le récent « Les temps qui changent » parvient a imposer sa présence, subtile mais persistante.
Les réalisateurs n'amplifient jamais les événement, leur rendent leur simplicité et leur force. La mise en scène joue clairement sur ce partis pris de réalisme, hormis pour une brève échappée sentimentale, presque fantasmée, filmée comme un film de Wong-Kar-Wai. Car prendre femme, c'est avant tout le récit d'une femme ne supportant plus sa vie extraordinairement banale. Enfants chahuteurs, mari légèrement religieux, gentil, mais peu compréhensif. Et la gentillesse sans compréhension n'est qu'intention. Bref, elle n'en peut plus de sa vie ordinaire de femme israélienne.
Comme Gena Rowlands, dans le splendide « Une femme sous influence », cette aliénation irrationnelle, se déverse progressivement dans la folie et l'hystérie. Splendide scène au milieu du film ou une discussion banale dégénère subitement en un accès de rage incontrôlable, déchirant, d'une incroyable violence psychologique (amplifiée, comme le souligne Zecreep, par le regard de ces enfants, témoins malheureux de ces scènes qui ne devraient jamais avoir lieu).
Indéniablement, quelque chose de très fort se passe pendant la projection.
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Modifié en dernier par Battosai le ven. févr. 04, 2005 11:18 pm, modifié 1 fois.
Ton smiley est une insulte à toutes les familles meurtries... 
