Réalisé en 1971 par le belge Jean Daniel Verhaeghe, l'araignée d'eau est un étrange conte tiré d'une nouvelle de Marcel Bealu, ces contes de la France profonde qui sentent la campagne et les légendes séculaires.
Et les contes ne sont parfois que les peurs d'enfants devenues réalité...
C'est ainsi que débute le film, qqpart ds la France du début du siècle, une fin d'hiver ds la campane isolée baignant ds un soleil froid qui scintille ds les rivières cristallines où les insectes renaissent.
Bernard est ecrivain, il vit avec son épouse dévouée avec laquelle il ne partage plus rien sauf la routine écrasante d'une femme trop parfaite. Un jour lors d'une promenade au bord de l'eau, il entend un chant pur, angélique, magique, venant de l'onde pure comme celui d'une siréne.
Une araignée d'eau, ces minuscules araignées inoffensives et aquatiques, l'appelle, irresistiblement.
Rêve ou réalité voilà le fort du film car jamais on ne discerne le vrai du songe, du fantasme. Il entend, le spectateur n'entend pas. Mais l'araignée est là, il la ramasse, la caresse, la raméne chez lui, cachée ds sa poche.
C'est une étrange relation qui nait entre l'homme et la minuscule arachnide. L'araignée le subjugue, prenant la place de sa femme. Elle le fascine, il l'aime, relation muette, insecte qu'il garde dans une boite avant de l'installer ds le grenier sur la robe de mariée de son épouse en guise de coussin.
L'araignée va s'y épanouir comme ds une étuve, une couveuse, terrible symbole de transgression jusqu'à l'hallucinante métamorphose, clou du film.
Une des séquences les plus oniriques qu'ait offert le cinéma mais aussi l'une des plus horriblement fascinante.
Lentement, l'araignée d'eau se fait femme. Elle grossit, se fait velue, devient mygale qui elle devient femme.
Ses pattes deviennent bras, ses griffes se font main, ses poils sont désormais cheveux, ses yeux humains.. oeil perdu au milieu d'un enchevetrement de cheveux, les asiatiques n'ont rien inventé

Un tour de maître, un grd moment d'art fait de peur, de répulsion et de fascination enduite de poésie maitrisé de main de maitre par .
L'araignée s'est faite femme, une étrange jeune fille muette au regard de sauvageonne et au teint spectrale que Bernard va garder enfermée ds le grenier lorsque son épouse est là.
Le reste du film est construit sur cette base rêve/ réalité. Cette femme existe t'elle ou n'est elle que la projection des fantasmes de l'ecrivain et de ses frustrations?
Si elle semble réelle- ses apparitions ds le jardin dont les villageois st témoins, les vols de nourriture dt on l'accuse jusqu'a haïr et maudire Bernard, sa course ds les bois alors qu'elle prend les traits de l'épouse, sa découverte par sa femme- Verhaeghe joue aussi beaucoup sur le registre du fantasme, ces fantasmes dont Bernard est victime et composant les + beaux moments du film:
la libération de sa collection de papillons morts s'envolant ds le bureau, tourbillonnant comme de la neige, l'attaque des vieux villageois au visage buriné, impassibles, figés ds l'église par une horde de chats déchainés, la relation entre l'épouse et Nady, la femme-araignée jusqu'au final, enlacement mortel où Nadi redevient araignée mais a t'elle seulement existé? L'écrivain est seul, seul au milieu de la lande déserte...seul avec ses reflexions et les notres.
Beau conte, belle reflexion, L'araignée d'eau joue beaucoup sur la perversité de l'être humain, les frustrations d'une vie, le temps qui passe, le non-vécu d'une vie sans relief ds cette campagne du début de siécle où planent les interdits et les peurs. Il joue aussi sur les relations entre deux êtres qui s'aiment mais n'ont pas su le monter au fil de leur existence jusqu'a ce que la routine s'installe.
Nadi est en qque sorte le catalyseur, réelle ou non, ele sera le révelateur de cet amour, des sentiments mais aussi des personnalités.
L'épouse parfaite reviendra au domicile conjuguale acceptant l'intruse sous son toit mais n'est ce pas pour mieux la détruire. De la femme-araignée/épouse à l'araignée-femme/Nadi, qui est la plus veule?
Lent, atmosphérique, L'araignée d'eau se permet de magnifiques plans oniriques comme toutes les scènes de fantasmes ou celle de la métamorphose bien sur, celui de l'église perdue au sommet d'une colline déserte sans le bas ciel gris d'hiver.
Ce qui manque au film c'est ce petit qqchose, cette magie vénéneuse des contes, le mystère tout simplement. Un petit dommage.
L'araignée restera donc comme un des rares essais fantastiques réussi des années 70, une tentaive quasi réussie et pour cela J.D Verhaeghe restera ds les annales.
On retrouvera Elisabeth Wiener ds le role de l'etrange Nadi, elisabeth envoutante et fascinante de beauté surnaturelle, mysterieuse brunette aux yeux sauvages et au teint pâle. L'être de tt conte!
Petit thread dédié à Romain...

