Téléfilm germano-anglais réalisé à la fin des années 80 et exploité en France en vidéo chez UGC. Une intrigue mollassonne qui puise son inspiratio paranoïaque entre Le Syndrôme chinois et Appel d'urgence. Se laisse regarder, sans plus. A au moins le mérite d'être un film rare.
A travers l’enquete et les enregistrements effectues par une journaliste qui a ete assassinee en Amerique du Sud, un portrait sans concession des liens qui existent entre nations developpees, en developpements, lobby du nucleaire, dictatures, contre-revolutionnaires, militaires et terroristes. Tout commenca avec le kidnapping d’un scientifique allemand travaillant sur le site de construction d’une centrale nucleaire dans un pays dirige par la junte militaire…
Apres Die Delegation (1970), Rainer Erler persiste et signe, tant aucun au niveau de la mise en scene que du “concept”. Ainsi, encore une fois, Erler opte pour le “Mockumentary” et le brouillage des pistes, tout en livrant au final un “produit” de type “entertainment”, mais entertainement “couillu”.
Si dans DD, Erler s’inspirait d’Erich von Daeniken et de ses theories fumeuses pour livrer un modele sur lequel on pourrait presque batir le genre ufo-conspirationniste qui culminera avec The X-Files vingt annees plus tard, ici, il preferera marcher dans les pas d’un Costa-Gavras et de ses pamphlet anti-dictatures.
Tout comme Costa-Gavras, et dans le cadre de son intrigue fictionnelle, Erler n’hesite pas a mettre dos-a-dos les intervenants, de droite ou gauche, innocents ou coupables, Etats ou groupuscules, mais aussi media, mentalites et coporations.
Si dans DD, le metrage dans son entierete etait fictionnel, offrant un aspect “brut” du reportage tourne par un journaliste qui vire “gonzo” avant de partir complement en vrille pour s’ecraser en plein trip, Plutonium offre un fini plus “professionnel”, le cachet d’un journalisme ambitieux et didactique, mais qui transmet son message utilise et inclut a pour se faire et a merveille des scenes de journaux tv dans son recit pour creer son “effet”.
Les lieux (le tournage a ete effectue au Bresil—malgre que les autochtones parlent tous l’espagnol(!), les stock-shots, les figurants tout contribue a nouveau a faire mouche dans l’esprit du spectateur.
A l’arrivee, le constat fait froid dans le dos, tant pour l’epoque que de nos jours.
Le film qu’Erler parviendra a griller cette fois-ci dans le cadre de sa denonciation du lobby nucleaire, sera peut-etre lindirectement le tres engage The China Syndrome (1979), le dramatique Silkwood (1983) ou l’actioner The Chain Reaction (1980).
A noter qu’a la base de recit, se trouve la construction de la centrale nucleaire Angra, la seule centrale du Bresil, reacteur construit avec une technologie—justement: allemande(!). Les images d’archives de dictatures militaires sont quant a elles, liees aux dictatures d’Argentine et du Chili.
Le casting sera aussi “discret” que celui de DD, et a nouveau se centrera essentiellement sur un personnage central autour duquel graviteront les idees, concepts—et ici: accusations portees par Erler.
Dans Plutonium, on retrouve Charlotte Kerr (Raumpatrouille – Die phantastischen Abenteuer des Raumschiffes Orion / La Patrouille de l’Espace – Les Aventures fantastiques du Vaisseau Orion (1966), Der Andro-Jaeger / Le Chasseur d’Androides (1982) ), actrice allemande qui travaillera encore avec Erler dans Fleisch (1979). L’ambition et arrogance du personnage seront contrebalancees par son cote “croisee” et “engagee” dans la recherche de la verite finit par donner sa “patine” au personnage.
Un film, qui tout en assumant son cote “entertainement”, reste bel et bien engage, sans arriere-penses, et mieux: “credible”. Peut-etre quelque part un vestige d’une certaine epoque…et d’une certaine idee de la television?
A voir, car trente annees apres sa diffusion, et face au risques actuels de proliferation nucleaire et a l’eternel affairisme (politique) du milieu, le propos aborde par Erler reste malheureusement d’actualite.
Ce qui pourrait paraitre pour du cynisme de nos jours, tiendra plus du realisme de l’epoque, face a justement un cynisme omnipresent…venu d’en haut.