
Il aurait été étrange que Di Silvestro ne donne pas à son tour dans le vaste filon du nazisploitation. Ce fut chose faite en 1977 avec Les déportées de la section spéciale SS.
Contrairement à ses confrères, le réalisateur, s'il conserve ses penchants naturels pour le sexe, a oublié le coté voyeuriste de ce type d'oeuvre pour s'interesser de plus près cette fois à la détresse et le désespoir de ces détenues.
Peu de séquences gore ou sanglantes donc si on excepte quelques inévitables maltraitances ert meurtres, Les déportées... risque donc de décevoir l'amateur d'horreurs en tout genre qui se contenteront d'un crâne éclaté, un poignard dans la nuque ou la vision d'une femme au vagin explosé jusqu'au final où l'heroine enfonce une lame de rasoir disposée en croix dans son vagin afin de couper en quatre le gland de son bourreau lorsqu'elle acceptera de se faire posséder.



Malgré un manque évident de moyens et la pauvreté de l'ensemble, très peu de scènes extérieures, les décors intérieurs se limitant à quelques salles quasiment vides et un régiment de soldats allemands réduit à quelques figurants, Di Silvestro signe pourtant là un des plus interéssants éros-svastica.
D'une part pour le soin apporté à la réalisation et la qualité de la photographie, d'autre part pour le scénario en lui même, qui s'il n'évite pas les indispensables écueils sanglants, se concentre plus sur l'enfer carcéral et les sévices sexuels endurés par les prisonnières comme Di Silvestro l'avait déjà fait pour Condamnées à l'enfer.
Il met surtout l'accent sur les relations saphiques et la violence avec lesquelles elles sont pratiquées. Cette violence sexuelle trouvera son point culminant lors de la séquence où en proie à la folie et par jalousie envers l'héroine qui le nargue, elle léche les jambes telle une chienne son assistant, le commandant SS sodomise son bras droit, un officier porcin au physique ingrat.
Mais le plus remarquable ici est cette atmosphère de total abandon, de désespoir et de désolation dans laquelle baigne tout le film à l'instar une fois encore de Condamnées à l'enfer lui donnant un air morbide criant de vérité.
Cette atmosphère est présente dès les séquences d'ouverture lors des inévitables examens gynécologiques



Ce sont ces cachots froids et humides plongés dans la pénombre dans lesques sont enfermées les jeunes femmes subissant les assauts verbaux de kapos sadiques et impitoyables.
Un autre des atouts non négligeables du film est sa distribution avec en tête un excellent John Steiner, SS névrotique et violent particulièrement convainquant, à la tête d'une armada de jeunes starlettes dont les tout aussi convaincantes la Polito et la Sparati entourées de la D'Amario et la D'Egidio en kapo sadiques, la Curti, la Stubing et la Schürer, alors compagne de Di Silvestro en commandante SS cruelle et glaciale arborant une des plus belles coupe de cheveux facon croissant de lune jamais vue! Un régal de garce!!

Les déportées de la section spéciale SS fut un des éros-svastica qui remporta le plus de succès lors de sa sortie en salles en Italie.
Lors d'une interview, Di Silvestro avoua que ce film fut pour lui comme une obligation, une réponse à la violence extrême d'une jeunesse désespérée qui alors envahissait l'Italie. L'allemagne nazie refletait l'Italie contemporaine et la subversion dans laquelle elle baignait avec notamment tous les mouvements politiques naissants dont le plus fameux fut Les Brigades rouges.
Le nazisme était une sorte de miroir et le sexe une forme d'évasion. Lorsque l'heroine cache une lame de rasoir dans son vagin en espérant que son bourreau se coupe le gland en quatre, c'est le signal avertissant les aux autres détenues qu'elles peuvent fuir.
Principalement érotique, le film de Di Silvestro est sans nul doute un des plus réalistes et peut être intelligents des éros svastica transalpins et peut facilement se ranger aux cotés de La svastica nel ventre de Caiano ou Bourreaux SS de Canevari.
Le corbeau qui adore tondre!!
