
Delphine, 15 ans mène une vie paisible à Grenoble où elle entre en classe de 3ème. Son existence tranquille se voit soudainement troublée par la rencontre d’Olivia, une jeune fille plus extravagante, habillée « grunge » et coiffée rasta. Les deux adolescentes sympathisent bientôt et Olivia, qui vit seule avec sa mère dans une cité, révèle à sa nouvelle amie son douloureux secret : sa sœur aînée s’est suicidée le jour de ses vingt ans et elle s’attache à lui ressembler.
Un soir, dans une boîte de nuit, alors qu’Olivia rencontre Alain, Delphine tombe sous le charme vénéneux de Laurent, qui flirte avec elle pour rendre jaloux sa petite amie du moment. Le lendemain, il l’a oubliée. Delphine, elle, est bouleversée. Lors du réveillon du Nouvel An, Delphine renoue avec Laurent, désormais libre. Elle tombe follement amoureuse du jeune homme, lui offre sa virginité et se laisse convaincre par son projet de départ, en compagnie d’Alain et Olivia, pour la Jamaïque, « au pays de Bob Marley ». Delphine se dit prête à tout pour Laurent, violent et imprévisible… Le jeune homme la prend au mot et échafaude un plan diabolique pour réunir la somme nécessaire au voyage : Delphine et Olivia se livreront à des fellations tarifées sur les garçons du collège qui le désireront.
Film fortement décrié à sa sortie, peu de gens lui ont redonné sa chance depuis. En ce qui me concerne, j'ai jamais fait beaucoup de chichis en ce qui concerne ce film d'Améris, mais je n'y avais pas redonné de coup d'oeil depuis quelques temps, du moins c'était le cas jusqu'à aujourd'hui.
Bon alors portrait juste de l'adolescence tout ça... pas besoin d'en rajouter, c'est ce que la plupart ont retenu du film. Mais c'est vrai que le choix des scènes pour évoquer la vie de ces personnages (lycée, boite, soirée, famille) sonne d'un réalisme qui est déjà très louable. "L'amour, le mouvement, la joie l'amitié, la vie... tout ensemble. C'était cela pour moi l'adolescence. Quelque chose de très fort, étouffant à l'intérieur et cette impression que la vie n'avait pas encore commencé. Le sentiment que tout serait plus intense, plus exaltant, plus tard, ailleurs peut-être" dixit Jean-Pierre Améris, qui résume à merveille le ton qu'il a donné à son film. Encore un film sur la perte de repères des jeunes... vous allez me dire. Ben oui, sauf que là, c'est vraiment montré de face, y'a pas de regard d'adulte sur le film, ce qui peut aussi déconcerter les gens-qui-ont-passé-l'âge-de-ces-conneries. C'est vrai que par rapport à l'époque où j'ai découvert le film, ça me parle un peu moins. C'est un film fait avant tout pour une cible "M6-like". Reste que la relative descente aux enfers de la deuxième partie soulève quand même un problème relatif aux mondes des ados, et peut faire réfléchir disons simplement les parents par exemple. C'est pas non plus un film de société, ni la simple évoquation d'un fait divers scabreux, mais une très bonne chronique adolescente, comme peut l'être "Virgin Suicides", le style en moins.
Concernant le fait divers même, on a entendu ici et là que c'était racoleur, scabreux et pas réaliste pour un sou. Pour moi, la mise en scène s'approche au plus près des émotions des personnages, que ce soit dans les moments de pur abandon sentimental, ou les moments de désespoir. Dans le même temps, ça reste tout à fait digne. Maintenant c'est sûr que les thèmes évoqués et certaines images (la scène d'amour en Stevenin et Forget) ne passeraient plus (l'interdiction aux moins de 12 ans passerait sûrement à 16 par les temps qui courent).
J'espère juste que le film ne tombera pas dans l'oubli.
A noter bien sûr une remarquable direction d'acteurs, le choix du casting étant lui aussi pratiquement parfait (enfin Maud Forget, tout aussi crédible et impressionnante soit-elle, fait facile 30cm de moins que tous les autres acteurs, ça devait pas être facile
