Arrivederci Amore Ciao - Michele Soavi (2005)

[Zecreep]

à quand un "Top à...Michele Soavi"?

Quand il aura une vraie filmographie en tant que réalisateur?

[haxandreyer]

Je suis assez d'accord avec Manolito sur le film : j'attendais mieux. Je ne relèverai pas ses qualités à mon tour, tout-le-monde les ayant déjà évoquées.Cependant, il est vrai que l'hétérogénéité du film, bien que ce soit un bel effort, a du mal à passer pour des problèmes de rythme.

Le début du film étant plutôt haletant, on s'ennuie presque quand il essaie de se ranger. La seconde partie, pas mal sur papier, n'est pas terrible pour le cinéma car naturellement, on a l'impression de s'ennuyer en regardant ce gars s'embourgeoiser. Il décroche d'un monde violent et imprévisible, nous aussi.

Sinon, je ne pense pas qu'il devienne un salaud pour devenir monsieur tout-le-monde, il le devient à partir de la première scène du film. Contrairement aux gros films ricains où le héros a toujours un traumatisme débile surexploité dans le scénar, pour une fois, on voit la cause d'un traumatisme mais on ne nous en parle jamais en tant que tel. Et tant mieux !

Bref, bien qu'un peu déçu, je dois avouer que c'est un trés bon film qui sort des sentiers battus, et que ses maladresses sont pardonnées par son ton original et la mise en scène parfois trés inspirée.

[dario carpenter]

sortie dvd prévue début Avril...:

http://www.alapage.com/-/Fiche/DVDVideo ... aor&sv=X_L

[Superfly]

Giorgio est quand même un beau salaud. Quand je lis qu'il est tendre avec la dernière fille, franchement... Ce qu'il apprécie en elle, c'est ce qu'elle reflète socialement, l'"arrivée", le statut de bourgeois peinard et respecté auquel il aspire.

Assez d'accord. Giorgio est juste une belle merde qui ne veut qu'accéder à une certaine place dans la société. Il n'a pas d'état d'âme même si il le souhaite. Quand il parle de sa rencontre avec la jeune fille... il le fait en voix off mais ne le montre pas. Comme si il cherchait à se persuader. Vu comme il l'élimine, ca montre qu'il est une bête. Il l'a tue à petit feu. Il n'hésite pas à faire disparaitre ceux qui pourrait l'empêcher à accéder à son rêve de petite vie bourgeoise. C'est un mec qui a compris que les idéaux c'étaient de la merde et qui se dit que pour y arriver il faut être en fait le pire des enculés. C'est une belle image de notre société...

Un très grand film noir...

[Maxcrom]

Loupé en salle, et je m'en veuuuuuuuuuux !!! Une petite pépite noire, filmée avec de grands élans baroque, intense, profond, qui sonde le tréfond psychologique des ames perdues; implacable dans le déroulement de son scénario qui remet constament en cause les agissements de son perso pour mieux asséner son cynisme et son nihilisme percutant. Oui, Giorgio est UNE ORDURE, qui a perdu toutes illusions pour mieux s'adapter à un monde pourrissant pour se faire sa "place". C'est d'autant plus fort, que vers le dernier acte, je croyais bien qu'il allait se ranger des voitures; et finalement la thématique sous-jacente reprend le dessus ( avec un cortége d'idées visuelles géniales ) pour bien asséner la froideur et la profonde noirceure de ce perso. MAGISTRAL !!!

[Shinji]

Après avoir vu le film récemment, j'ai attaqué les romans de Massimo Carlotto et c'est très bon.

[manuma]

QUELQUES SPOILERS

Waouh, c'est du lourd ... Pour quelqu'un comme moi qui est un peu en froid avec le cinéma italien actuel (j'ai tenté récemment La Bestia nel cuore avec le même Alessio Bonin et ça n'a rien fait pour me réconcilier avec) ça fait drolement plaisir à voir. Du côté du scénario, ce mélange d'intrigue policière et de réflexion politique et sociale est extrêmement riche et je n'ai grand chose à ajouter à tout ce qui a été dit précédemment, si ce n'est que Soavi arrive tout de même rudement bien à rendre humain, et parfois presque attachant, l'ordure de personnage principal qu'il met en scène.

Le gros plus du film reste pour moi la forte personnalité de sa réalisation, qui flirte subtilement avec le bis dans certaine de ses idées (la séquence du procès filmée du point de vue d'une mouche ... d'ailleurs plus tard dans le film une séquence fait écho à cette idée / métaphore ... mais je ne souviens plus quand ) ou à travers l'ambiance qu'elle recrée (série B italienne exotico-guerrière des eighties pour le générique de début, giallo pour la séquence de la lente agonie de Roberta, sur un tube musical qui m'a rappelé, dans son style et l'emploi que Soavi en fait, l'inoubliable scène de la mort de Bolkan dans Non si sevizia un paperino de Fulci). Cette audacieuse liberté de ton renforce brillamment le propos du film, déstabilisant un peu plus un spectateur déjà bien malmené par cette histoire qui brouille vicieusement tous nos repères moraux.

FIN DES SPOILERS (ça, c'était juste pour tester le rose)

[mercredi]

Giorgio est quand même un beau salaud.(...) C'est une belle image de notre société...

La grande question (posée par le métrage) est de savoir si la monstruosité du personnage s'explique par quelque contexte socio-politique ou inversement. S'agit-il d'une tragédie à strictement parler ou d'une fiction naturaliste (mise en scène, lyrique ou non, des effets de tel conditionnement - ici sociologique - sur le caractère, faits et gestes de l'être). Je pencherais pour la première option. Le protagoniste demeure d'emblée porté à se conduire comme un salaud et l'idéalisme du début relève davantage d'un subterfuge, certes inconscient et moralement valorisant, pour déployer une violence apparemment sans limite. Contrairement à "L'impasse", le film n'évoque pas une rédemption avortée car inhérente à un passé précis mais le déroulement inexorable d'une destinée dont chaque événement en fixe les jalons. Comme Oedipe, le monstre active la marche du destin en essayant d'y parer. Polymorphe, la violence peut prendre la forme d'une idéologie (et non d'idées), d'une passion, d'une ambition pour finalement avoir raison du héros. Damné, ce dernier est à l'image de l'humanité (et non d'une simple société). En ce sens, l'oeuvre est en effet très, très noire et porte la marque d'un réalisateur sachant s'approprier judicieusement les codes d'un genre.
Spoilers
La femme constitue d'ailleurs une belle figure christique, rachetant par son horrible agonie, tous les péchés de l'Homme.

[Shinji]

Le protagoniste demeure d'emblée porté à se conduire comme un salaud et l'idéalisme du début relève davantage d'un subterfuge, certes inconscient et moralement valorisant, pour déployer une violence apparemment sans limite.

Je pense pour ma part que le changement chez lui est dû est à une extrême désillusion après que l'idéalisme de départ a été détruit par tout ce qu'il s'est produit dans son existence. Il y a comme une revanche nihiliste sur la vie telle qu'elle lui a été révélée.

[dario carpenter]

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