Remake ou non?
Déjà je voudrais revenir sur le concept de remake, je considère pas ce film comme un remake pur jus, on s'inspire ici du pitch de départ, pas autant de personnages dans l'original, le début et la fin sont différents, les enjeux et l'actions fondame,ntalement différents, ne subsistent que les zombies et le supermarché.
Dès lors, il ne sera pas question pour moi de comparer ce qui n'est pas comparable (je me garde ça pour plus tard) mais de juger de ce film par rapport à ce qu'il peut apporter de propre et d'original.
Les zombies qui courent
Des zombies adeptes du sprint, cela choque à première vue, le zombie est issu du vaudou (voir l'emprise des ténèbres de Craven sur ce sujet), dans lequel ces pauvres gens errants ou revenants ne se caractérisent pas par une vitesse surprenante. D'ailleurs on connait tous l'expression errer comme un zombi (sans "e" dans le dictionnaire) mais pas courir comme un zombi ou tracer comme un zombi...
Pourquoi donc les faire courir? pour donner du suspense et de l'action à un concept daté pourront clamer quelques débiles incultes...mais est-ce bien là l'enjeu, non car ce film ne comporte pas plus de scène d'action à proprement parler (je n'ai l'ai pas regardé avec un chrono à la main car le chrono je l'ai dans ma tête

Ce choix à mon sens indépendant de ce qui a pu être fait par Danny Boyle sur 28 days later... est la résultante d'une volonté de changer les enjeux et le déroulement d'un film afin de ne pas se frotter à Romero (bonne idée!) et de traiter le sujet de façon plus simple, plus adapté au simplisme intellectuel qui gagne peu à peu la société contemporaine qui ne peut même plus supporter de regarder un film qui ne serait pas formaté à un certain rythme (celui considéré comme étant le plus apte à soutenir l'attention du public le plus large) ou pour les gens moins vicieux le traiter de façon plus dynamique, plus spectaculaire.
Du coup, terminé les slaloms entre les zombies dans la galerie marchande avec un flingue à la main, un caddie dans l'autre et dans le caddie, ce bon vieux Roger faisant des cartons en plein crâne. Les zombies sont désormais trop rapides, un peu moins qu'un lion mais autant que certaines jeunes filles à l'ouverture d'une boutique Lancel le premier jour des soldes.
Il est alors impossible de filmer des confrontations directes qui se solderaient par la mort inévitable des humains. Les enjeux vont alors porter sur des déplacements sous terre, en l'air (corde, escalade) ou avec des véhicules...
Si la fin du film exploite bien l'idée des véhicules, le passage de la sortie vers l'armurerie est saboté par la façon déplorable dont le réalisateur gère le retour dans les égoûts, c'est-à-dire en occultant scénaristiquement et visuellement ce qui était de toute évidence impossible...déjà qu'il fallait être bon spectateur pour accepter cette sortie et la façon dont elle va se dérouler, là on a un peu l'impression qu'on se fout de notre gueule, alors certes SPOILER les zombies vont les suivre mais c'est aussi une manière bien simple de précipiter la sortie avec les véhicules.SPOILER END
Pas non plus de jeux sur les hauteurs qui seraient peut être source d'actions inédites (escalade, corde...) par exemple entre certains bâtiments, mais ce n'est là qu'un regret.
Inhumanité contre bestialité
Cette façon de faire courir les zombies change la donne sur la vision qu'on veut donner d'eux, autant Romero s'apesantissait sur eux, les filmant comme des animaux mais aussi comme des objets d'étude, fascinants car dangereux mais aussi parce qu'issus de nous même (Qui sont-ils? ils sont nous et sommes eux...) autant Snyder les filme comme des animaux (hurlant, courant) -sortes d'incarnation de la bestialité- abstraction faite de leur ancienne condition d'humains.
Seules les séquences de mort nous rappellent que tous ces gens ont été des humains. Le zombie n'est donc plus l'inhumanité mais bel et bien l'animalité.
Un trés bon point cependant sur ce qui LA bonne idée du film, l'armurier avec qui nos héros communiquent par panneaux et qui SPOILER jusqu'au bout continuera d'écrire dessus même aprés morsure et zombification, son cerveau étant marqué par ces gestes qui étaient devenus importants dans les derniers jours de sa vie SPOILER END cette séquence choquante est magnifique et montre bien toute l'importance de l'humain dans le zombie - la survivance de ce qui était de façon formelle et pathétique.
Dès lors que ce sont des animaux, autant les tirer comme des canards, toujours avec cet armurier, en jouant sur les ressemblances de ces êtres morts avec des personnalités de la télévision et du cinéma. Cette déshumanisation est tout de même abrupte car de par la rapidité des zombies, les contacts sont trés rares et la familiarisation avec les zombies ne vient jamais.
Zombies et sexualité
Ici, la sexualité est montrée elle aussi de façon animale que ce soit au travers d'un plan ou SPOILER d'une naissance qui est plus absurde que traumatisante et n'apporte pas grand chose au thème; on se rassurera en se disant qu'elle ne sombre pas dans le ridicule ou le comique (comment ne pas penser à Braindead?

Les personnages
C'est là un des gros points faibles du film, leur psychologie est des plus limités, certes pas besoin de creuser à outrance pour captiver notre attention mais comment nous identifier ou même trembler pour un bourgeois ironique, un vigile vraiment méchant et autoritaire, son copain bête à manger du foin qui ne fait que le suivre, un dernier vigile transparent, un femme enceinte de 16 mois à en juger par la taille de son ventre, une gamine qui tague et aime vraiment les chiens, un chien qui n'a rien à craindre (les zombies n'aimant pas la viande canine), un mec qui tient vraiment à sa paternité...
Difficile, si on ajoute qu'ils seront agrémentés SPOILER d'un destin héroïque à la con pour le vigile et d'un drame familial pour le futur papa SPOILER END, on préfèrera dire que la psychologie des personnages n'est pas le point fort du film.
Heureusement que Ving Rhames est là et même si ses vannes sont téléphonées, gratuites et primaires, son charisme de gros bourrin est salvateur face à ce groupe de bras cassés qui ne mérite qe la mort de par leur bêtise, leur égoïsme ou leur manque d'à propos (accoucher ou être vieille dans ce genre de circonstance n'est pas ce que l'on peut faire de mieux

L'infirmière est là aussi le genre de personnage que l'on attend d'un film de zombies, dynamique, fine, audacieuse, ici R.A.S.
Peut être que le scénariste a voulu dépeindre un groupe de blaireaux désemparés face à un phénomène terrible, à ce moment-là pourquoi en faire des émules de l'agence tout risque capable de transformer une paire de bus en blindés...
Tout cela sent étrangement la maladresse dans une tentative surement louable de représentation d'un échantillon pas trop héroïque de la race humaine histoire de générer chez le spectateur un stress supplémentaire. C'est à mon sens maladroit car dans ce genre de circonstances, seuls les plus forts et les plus rapides peuvent survivre (la séquence d'exposition le démontre adroitement) et sont aussi les plus intéressants à suivre dans leur survie (nul besoin de les affliger d'un gros bide, de les rajeunir ou de les vieillir pour augmenter la tension, celle-ci étant intrinsèque au phénomène et à la survie en groupe dans la mesure ou les tensions naissent d'elles mêmes, Romero l'a bien montré)
Le gore
J'ai cru lire ça et là que ce film était presque aussi gore que l'original ou ce genre de conneries...là il n'y a pas photo, il y a certes un peu de gore et de sang dans ce film mais on est trés trés loin de la triperie du film de Romero. On retrouve cependant de bonne explosions de tête et un utilisation assez intelligente des effet numériques (entre autres le camion qui percute les zombies en marche arrière - halala! qui n'avait pas été frustré par ces camions passant sans fracasser les zombies sur le parking dans le Romero...) surtout pour la fameuse séquence des bus flottant dans une marée de zombies.
Le sang est donc présent mais pas en si grande quantités relativement à sa condition de film de zombie, on peut certes s'estimer heureux de pouvoir contempler un peu de boucherie sur grand écran mais le résultat est loin de ce qu'annonçait une actrice inexpérimentée en la matière dans un preview purement promotionnel d'une revue que je ne citerai pas ici (y'a des topics pour cracher dans la soupe, restons disciplinés!).
Les maquillages compensent cette absence de débordements gore et sont de bonne facture (aussi parce que les zombies qui courent sont difficile à dévisager)
Bilan
On se retrouve avec un film qui se laisse bien regarder, avec des bonnes idées (le mec de l'armurerie, les bus, l'incident à l'intérieur d'un des bus) mais des longueurs (presque tous les dialogues sont super cons) comme la séquence dramatique bidon "il a été mordu, je vais le tuer", "non c'est encore mon papa, gnagnagna" (comme si personne n'avait pensé à l'enfermer dans une cellule), un siège ou il ne se passe finalement pas beaucoup de trucs ou ou les déplacements des personnages sont trop opaques pour être crédibles parfois (fort dommage car pas mal de séquences sympas( comme l'évacuation du camion) sont éludées.
Si un indéniable soin se fait sentir sur la séquence d'exposition, l'arrivée dans le supermarché est incroyable de fadeur.
C'est donc une grande victoire des zombies sprinteurs sur les caricaturaux survivants humains dans un film efficace qui se laisse regarder avec beaucoup de plaisir même si on regrettera une psychologie simpliste, des personnages énervants, des séquences d'action pas toujours réussis et l'absence totale de sensation de fin du monde (qui pesait terriblement dans l'original) sans doute dûe à un traitement trés superficiel et énergique du phénomène.
A voir, mais personnellement, tant que Romero sera vivant, j'attendrai le film de zombie moderne, choquant, profond et qui envoie la purée...