Crazy Kung Fu (Kung Fu Hustle) - Stephen Chow (2004)

[bluesoul]

Vu la semaine passee...Avec dix ans de retard sur tout-le-monde

Enfin "vu" est un bien grand mot. Bibi a mit la tele en sourdine (en VO chinoise sous-titre nipponne ) pendant qu'il tripatouillait ses wishlists Mazon sur 5 continents.

Bilan, apres 1 heure, mes listes etait retapee et j'ai (enfin) pu enteindre la tele fatigue, voire passablement irrite...

Bref, bibi pas avoir aime. Beaucoup de raisons a cela.

A la base, sur le papier, l'idee est plutot sympa, mais presente quand mem eune forte limitation, qu'elle n'est pas neuve, mais alors pas neuve DU TOUT. N'oublions pas que la Kung-Fu comedy est deja pratiquee depuis (au moins) les annees 70s. Jackie Chan, Sammo Hung et bien d'autre ont defriche le terrain en parodiant les modes / tics de realisation / vedettes du moment a coups de blagues carambar locales (l'humour cantonais) et d'acrobaties, qui toutes aussi drolatiques qu'elles soient, etaient eminament physiques.

Au niveau des cascades, l'on touche a la deuxieme limitation du film, que les cascades sont surtout...virtuelles.

Si bibi avoue ne pas connaitre les tetes d'affiches de KFH, l'impression qui se degage a la vue du metrage, est que le cast s'agite devant un ecran bleu ou vert, et serait bien incapable de lever la jambe pour ne fut-ce qu'un miserable coup du pere Francois.

Bon, je peux me gourrer, il se peut que les SFX ne font que les "aider" dans leurs performances, mais alors, ca passe tres mal a l'ecran et l'utilisation (abusive) des SFX ne fait que deservir leurs talents. On aurait presque l'impression que dans la vie reelle, ils se feraient tous latter un Keanu (Matrix) Reeves manchot, borgne et cul-de-jatte.

Bizarrement, dans certains cas aussi, les SFX sont escamotes au profit d'elipse (coupe au noir, bruit sourd d'un coup pour retour a la scene avec un perso a 30 metres plus loin dans le decor) ou au contraire utilise pour cacher l'action (poussiere massive dans une bagarre de rue). Quand on a quelque chose a montrer et si c'est cense etre interessant, c'est quand meme un peu le comble...Plus qu'un effet "comique", on dirait plus un effet de radinage.

Le film se la joue aussi mi-cartoon (US), mi-comedie cantonaise, mais en grossissant le trait dans les deux cas et avec des SFX qui en dix ans ont quand meme pris pas mal de bouteille.

En matiere de cartoon en "live", bibi prefere Joe Dante et son sketch dans The Twilight Zone, en matiere de comedie HK, bibi la prefere "light" et sans additifs de type CGs tellement le melange a force de parodier une parodie en matinant le tout d'un look cartoonesque a gros traits de CGs devient lourdingue et indigeste.

Dans le meme genre d'idee, bibi a pas accroche a The Mask, mais en l'etat, c'est une version "live"--telle quelle--de l'univers de Tex Avery. KFH ferait plus penser aux ZAZ qui parodieraient(!) l'univers slapstick de Jerry Lewis en y remetant une couche a coups de CGs pour completer avec une realisation facon Looney Tunes. On n'est plus dans le comique, mais dans le comique++++, d'ou decrochage pour ma part. Un degre, ca va. Deux degres, ca va. Trois degre, ca fatigue. Au-dela, c'est sans moi...

Le seul bon moment, est la premiere bagarre de rue avec notamment le coup du rail de rideau et des bracelets de force qui semblait renouer avec la folle imagination du street-fighting a la hong-kongeaise. Apres, par contre...

Devant un kung-fu comedy, bibi n'a qu'une envie, d'etre l'un des persos a l'ecran. Regarder Jackie ou Sammo, c'est vouloir etre eux et faire les meme pirouettes. Voir KFH, c'est surtout avoir peur de vieillir, devenir chauve, perdre ses dents et respirer a travers le filtre d'une Golden Deer.

Bref, bibi est passe par les videotheques (Bruce Lee, Jackie, Sammo et papa Rene), La Cinq (les memes(!) avec Bruce Le et My Five Lucky Stars en prime ), les classiques sur les chaines publiques teutonnes (Raining in the Mountain, Dragon Gate Inn, A Touch of Zen) et meme (toujours sur le public teuton) la quasi-integrale des Mr. Boo, les salles de quartier (reussi a chopper quelques Mad Mission a leurs sortie ) pour enchainer sur les chaines privees teutonnes (une floppee de serie B et Z--amities a Godfrey Ho --de tout accabi). Malheureusement, en l'etat, KFH ne rentre dans aucun classement, tellement le sentiment qui a domine etait celui de l'ennui matine d'un oubli rapide...Dommage.

KFH: euh...2 / 5.0 ?? (car tellement peu implique dans le spectacle offert. En fait, au-dela des bracelets de force, je me rappelle deja presque plus du film

[arioch]

J'ai l'impression que tu es passé largement à côté de ce qu'est réellement le film. Car tu compares Stephen Chow à Jackie Chan ou Sammo Hung en disant à de nombreuses reprises que tu attends des comédiens des compétences martiales impressionnantes. Mais en fait, Stephen Chow n'a jamais boxé dans cette catégorie, le but n'étant pas de montrer des prouesses martiales. C'est une pure comédie absurde comme la majeure partie de la filmographie de Stephen Chow ! Après, on aime ou on n'aime pas ce type d'humour, ça, je peux le comprendre. Mais le comparer à des films comme LE MAITRE CHINOIS ou LA DANSE DU LION, c'est à mon sens une erreur. L'objectif est très différent. Tu évoques rapidement la série des "Mr Boo", donc les films des frères Hui, on est entièrement sur ce terrain de la comédie cantonaise. Et s'il y a du "kung fu" dans les films des frères Hui, c'est surtout en raison de la culture locale mais ce n'est pas le sujet des films en eux même. MR BOO FAIT DE LA TELEVISION où celui avec les histoires d'adultère, ce ne sont pas des "kung fu comedy". D'ailleurs, dans ces films, je n'ai pas le souvenir de prouesse martiale particulière ou de cascades de fou. C'est de la comédie potache et absurde. C'est exactement le registre de Stephen Chow !

[bluesoul]

En fait, non, je ne connais pas Chow (enfin, je ne crois pas) et effectivement, j'ai essaye de me rattrapper a ce que j'ai pu voir de "marrant" dans le cinema HK. Note aussi que mes references sont pas forcement les plus recentes.

Mais bon, meme l'humour cantonais, ca passe. Mais ici, overdose totale. Je sais pas, c'est de l'humour mandarin? Enfin, pour moi c'etait de l'hebreu.

Bref, je suis completement reste hermetique au film. M'enfin, pour certains c'est l'effet que produisent les ZAZ, les Pythons ou la serie des Police Academy.

Question: KFH est considere comme etre de l'humour cantonais ou d'etre une autre "saveur locale"?

[arioch]

C'est de la comédie cantonaise. Tu devrais revoir les films des frères Hui (les Mr Boo ou les premiers MAD MISSION) parce que c'est la même chose (situations énormes, gags absurdes, jeu outrancier...). La seule différence, c'est que Stephen Chow essaie d'utiliser les moyens actuels pour donner corps à ce qu'il veut montrer. Il l'avait fait avec SHAOLIN SOCCER ou donc dans ce KUNG FU HUSTLE. Il l'avait fait aussi avec CJ7 avec son extraterrestre en images de synthèse mais le film s'écarte des deux précédemment cités. Mais en regardant auparavant, KING OF COMEDY, c'est une critique parodique de l'industrie cinématographique chinoise au même titre que MR BOO FAIT DE LA TELEVISION parodiait l'univers du petit écran. Les ressorts sont en gros les mêmes et les moyens mis en oeuvre sont assez semblables.

Je précise que je ne suis pas fan de Stephen Chow, il y a pas mal de films que je n'aime pas dans sa filmo...

[bluesoul]

Merci pour la reponse.

En fait, Shaolin Soccer a toujours ete sur ma liste des "a voir", mais KFH, que je mettais dans le meme sac sans l'avoir vu, m'avait mechamment refroidi la semaine passee. J'essayerai a l'occaz.

CJ7, j'avais vu en partie sur le satellite par ici, et franchement, je me rappelle poah. (mauvais signe...decidemment ) Plus que la comedie cantonaise, il se pourrait bien que je sois hermetique a l'univers de Chow (a verifier).

[arioch]

En même temps, tu dis avoir regardé KUNG FU HUSTLE d'un oeil distrait dans une version chinoise sous-titrée japonais en faisant autre chose et, là, tu ajoutes que tu as vu des bouts de CJ7 et que cela ne t'a pas marqué. C'est assez curieux comme manière de consommer mais Dragonball m'avait sorti le même genre de truc genre il regarde des films en faisant autre chose . Donc, bon, j'imagine que c'est un mode de consommation particulier mais je me demande si cette façon de regarder les films n'a pas un impact sur le ressenti de la personne qui le visionne. Dans une boîte, j'ai vu aussi des personnes regarder des films lors de pause sur leurs écrans d'ordinateur. C'est moi qui suis trop vieux !

[Algor]

J'imagine que certains n'accrocheront jamais à l'univers de Chow.

Son imaginaire dépasse le simple cadre du local, à mon avis. C'est totalement fou et déjanté; du moins pour Shaolin Soccer où je l'ai découvert, et Kung Fu Hustle. C'est du délire qui s'apparente à du dessin animé avec beaucoup d'exagérations.
Cj7 est un ratage à mon sens; j'avais l'impression que Stephen Chow avait tenté de rallier un public plus large avec une histoire d'un niveau très enfantin.
Pourtant dans les deux grands succès cités plus haut, la présence d'enfants est très importante dans la construction du récit...et ajoute même une touche poétique.
Et tout cela ne m'empêche pas d'apprécier du Jachie Chan ou du Donnie Yen. Et en plus de savourer à l'occasion une oeuvre de la Shaw Bros de la belle époque. D'ailleurs Chow ne cache pas ses références...surtout pour Bruce Lee.
En tous cas, ce qui est sûr c'est que ces deux films demandent une attention particulière pendant le visionnement, car riches en idées et en visuels.

[MadXav]

Stephen Chow c'est un univers particulier.

Je ne suis pas fan de ce qu'on appelle les kung-fu comedy ou en général de l'humour chinois. Pourtant j'adore ce que propose Chow dans des films comme FROM BEIJING WITH LOVE, GOD OF COOKERY, SHAOLIN SOCCER et CRAZY KUNG FU. Pourtant les films sont assez différents et le numérique n'intervient pas dans les deux premiers. Mais on y retrouve la patte Chow, celle de l'absurde, d'un décalage monstrueux, les loosers qui se révèlent, les références énormes et systématique au ciné de Hong Kong classique etc.

A aucun moment Chow n'a l'ambition d'être un artiste martial. Je pense qu'il est plus comme un Edgar Wright lorsqu'il nous fait SCOTT PILGRIM. Il prend ce qu'il aime ailleurs, l'ingurgite, le fantasme comme un grosse, et le ressort de manière ludique et explosive. Pour moi ce sont des références parfaitement digérées et très efficace dans leur restitution. Chow impose une patte que je trouve drôle avec beaucoup d'élégance, souvent de grandes idées de mise en scène, et ce surtout dans KUNG FU HUSTLE d'ailleurs. Dans ce film on a quand même des fulgurances visuelles magnifiques, qui m'ont collé de sérieuses claques et donc je me souvent encore aujourd'hui, 10 ans après mon dernier visionnage !

Reste de ce sont des films qui y vont progressivement, devant lesquels il faut se poser afin de se laisser glisser naturellement dans l'univers Chow...

[arioch]

Je maintiens que Stephen Chow est dans la mouvance de la comédie chinoise. C'est le même type d'humour. Que ce soit les conneries de Wong Jing, quelques métrages de Tsui Hark ou les films des frères Hui (lorsqu'ils sont ensemble ou séparément), c'est le même humour à base de gags absurdes, de situations improbables, de décalages délirants... Qu'il soit devenu le meilleur dans son genre, ça ne veut pas dire, à mon sens, qu'il a un "univers à part". D'ailleurs, certains films de Stephen Chow sont extrêmement faibles et ne me font pas du tout marrer. La série des FIGHT BACK TO SCHOOL m'a laissé complètement froid alors que ce sont des comédies ! Par contre, j'aime bien CJ7 qui est un film à part mais qui conserve un aspect de Stephen Chow, celui d'être proche des petites gens.