David Winter nous entraine dans l'univers de Vinny, un chauffeur de taxi new yorkais vivant avec sa vieille mère et fan de films d'horreur mais surtout de Jana, la nouvelle star du genre, screamqueen des temps modernes, adulée par la presse.
Son amour pour Jana dépasse la réalité, frise l'obsession, Vinny vivant reclus dans son monde fantasmagorique, se projetant dans la peau d'un réalisateur qui met en scéne le film du siècle dont l'héroïne est bien sûr Jana.
Lorsqu'il apprend qu'elle sera présente à Cannes, il prend le premier vol et débarque sur la Croisette bondée de starlettes en string.
Si Winter prend le temps de ballader sa caméra au milieu du festival, captant par la même toute son ambiance, de parsemer son film d'images et d'informations d'époque distillées par la télévision et la radio donnant ainsi un aspect film-réalité, il prend aussi le temps de dépeindre avec soin son personnage.
Vinny est un pauvre garçon perdu dans ses rêves et fantasmes, vivant dans cette obsession proche de la folie pour cette actrice dont il colectionne tout, couvrant ses murs de photos et posters, s'imaginant à son bras, lui faisant l'amour avec respect.
Cette obsession va au fil du temps se confondre avec la réalité, un monde où il n'est qu'un pauvre garçon dont on se moque, qu'on rejette ou prend pour un doux rêveur, sa mère la première.
Il en souffre, une souffrance insupportable comme lors de la scéne où il téléphone à sa mère et qu'elle le traite en petit garçon stupide. Sa voix n'est plus qu'un écho dans sa tête alors qu'il hurle en pleurs et se projette dans ses délires où il met en scène les meurtres de ceux qui le rejettent. Mais le sort s'acharne et lui vole même ses rêves lorsque ses personnages se rebellent et se moquent de son talent.
Winter donne un ton emminemment fantastique à sa mise en scène, fumigènes, lumières bleutées et atmosphère surréaliste avec ce sens de la violence dont il imprègne les images.
L'une des plus belles séquence et des plus démonstrative également est celle où Vinny assiste au show d'une strip teaseuse se transformant lentement dans son esprit malade en Jana.
Les images se mèlent et s'emmèlent, délires et réalité se confondent. Vinny fait l'amour dans la douleur et les larmes à un poster géant de l'actrice avant de se transformer lui même en Jana, pantin ridicule et ventru, lamentablement grimé en strip teaseuse.
Dedoublement de personnalité qu'on retrouve tout au long du film, Vinny est à la fois un enfant et un adulte ambitieux, un homme ridicule et inquiétant, un detracteur mais amateur de films d'épouvante...
La force de cette scène poignante montre tout l'amour déraisonné qu'il éprouve pour cette actrice mais egalement sa douleur et son abominable souffrance.
Les frénétiques est également un film d'horreur et sous le beau soleil de Cannes les meurtres vont se succéder autout de Jana, morts sanglantes et sympathiquement graphiques dont celle de l'impressario et son impressionnante décapitation.
Entre hache qui transforme en charpie et poignards qui lacèrent les chairs ou cette vieille femme cannibale dévorant à pleines dents un coeur, David Winter assène à ces séquences une bonne dose de violence digne des meillleurs slashers.
Si on est persuadé de connaitre l'identité du tueur, le twist final renversera le jeu, le soi disant fou n'ayant jamais été aussi sain et lucide.
C'est là que se situe la faiblesse du film, ce final étant trop enorme. The last horror film lorgne doucement vers la comédie noire puis le burlesque avec ce final quasi farfelu. Un tel happy end ensoleillé gâche quelque peu la force de départ du film et son propos initial mais également sa noirceur.
Les frénétiques méritait une fin plus sérieuse et on peut préferer alors le sombre et plus dur Fade to black de V. Zimmerman sur le même thème.
On retrouve Joe Spinell dans le rôle de Vinny, un Joe Spinell fort convaincant qui reprend ici un peu de son personnage pathétique de Maniac.
Face à lui, c'est la toujours resplendissante Caroline Munro en Jana traquée et apeurée, magnifique Caroline qui a eu la mauvaise idée de se décolorer deux enormes mèches de cheveux, particulierement laid

Mais voir Caroline nue sous son peignoir, courir hysteriquement sur la croisette devant la foule ahurie et arrivée au palais du festival hagarde.. c'est un rêve.. Si Cannes c'était tjs ca!!



Eric qui aimerait courir nu sur la Croisette..

