
Victor Taransky est un realisateur a la derive. Apres des annees de bides cinematographiques notoires, il est lache en pleine production de son dernier film par son actrice principale, sa productrice (accessoirement ex-femme), bref tout va bien dans le meilleur des mondes.
Alors qu'il s'apprete a mettre la cle sous la porte, il rencontre un genie de l'informatique mourrant, Hank Aleno, venu lui presenter son logiciel, Simulation One, veritable planche de salut pour Victor, mais aussi un pari risque.
Second film d'Andrew Niccol, apres le magnifique Gattaca et le script de Truman Show, ce film est l'occasion d'assister a la confirmation que Niccol est un auteur plus qu'interessant, double d'un realisateur doue.
Le film prends le parti pris d'etre peu credible (a la limite, pour un film de SF on s'en serait doute), surtout dans le but d'etre vu comme une fable, a la fois sur le milieu hollywoodien et les icones en general, mais surtout sur l'image et l'utilisation que l'on en fait.
Variation sur le theme de Frankenstein (ou de l'apprenti sorcier), ce film va, tout en suivant la decheance de Taransky/Pacino, au-dela pour apporter une vraie reflexion sur le pouvoir de suggestion de l'image, et la puissance de son impact aupres des foules.
Meme si le denouement est un peu parachute et telephone, le script s'avere assez brillant pour fournir quelques reflexions pertinentes (par exemple, lorsque Pacino se rends compte que la qualite de son film est eclipsee par la perception que les gens ont de la prestation de son actrice virtuelle). Une thematique traitee avec serieux (comme dans Gattaca), non denuee d'une certaine touche d'humour toute en discretion, afin de rendre l'atmosphere du film plus supportable.
Une realisation impeccable, avec de splendides images (la photo est tres proche de celle de Gattaca, de meme que certains cadrages, on est en terrain connu), et un cast solide, avec en tete un Al Pacino dans un role de depressif a tendance schizophrene, plus vrai que nature dans la peau de l'artiste maudit. Ajoutez-y une Catherine Keener toujours aussi petillante, une Winona Ryder parfaite dans un role plein d'autoderision, et meme une apparition non creditee de la splendide Rebecca Romijn-Stamos.
En plus, le score de Carter Burwell est juste sobre et beau comme il le faut (mais on commence a en avoir l'habitude).
Bref, un tres bon film/fable, qui a le merite de s'appuyer sur un script intelligent et bien ecrit, bien mis en valeur par l'auteur/realisateur. Andrew Niccol, un gars a suivre de tres tres pres (et des cette annee, avec "Lord of War" ou Nicholas Cage incarnera un trafiquant d'armes en proie avec sa conscience).