Si le film est à deux doigt parfois de tomber dans le pompier et le pathos, Vadim Perelman semble connaître les limites à ne pas franchir. Sa mise en scène, bien aidé par le travail encore une fois superbe de Deakins, reste suffisemment chargé visuellement pour conférer une atmosphère onirique qui contrebalance avec justesse le contenu dramatique extrèmement chargé. On évite pas certains couchés de soleil et poses parfois cliichés, mais pour le reste, le réal démontre un vrai talent pour composer ses images et conférer de l'étrangeté au quotidien...c'est en grande partie ce qui fait la beauté du film et lui permet de laisser sa trace. Il faudra surveiller ce que donnera le réalisateur par la suite, mais son style à la frontière du fantastique s'avère ici fort prometteur. Le rythme est lent mais jamais pesant. Perelman, malgré l'ouverture de son film, arrive à rendre le côté implacable en restant la plupart du temps hors de la logique uniquement démonstrative. Son film confère une grande importance à l'atmosphère et à figer le moment, en même temps que s'y exprime une narrativité limpide.
Voilà un premier film américain intelligent, hors de tout manichéisme, profondément humain et conté avec sensibilité et justesse. Il serait scandaleux qu'il n'ai pas droit à une diffusion dans les salles françaises, même limitée.
5/6
