J'aimerai faire le point sur
une rumeur faisant de Robert Rodriguez un branleur passant sont temps à jouer de la guitare et à la console de jeux sur ses tournages. A se demander pourquoi James Cameron prendrait le risque de lui confier son Alita Battle Angel. J'ai tenté de remonter le fil de cette rumeur pour voir d'où cela partait. J'ai repris mes vieux Mad Movies, car quelque chose me disait que tout partait de là.
Dans un premier temps, Rodriguez est dépeint favorablement comme un réalisateur inventif, débordant d'énergie et touche à tout sur les tournages, un bosseur multi-casquettes.
Au sujet d'El Mariachi :
"Rafraîchissant et sain. Merci de nous rappeler Mister Rodriguez (...) que le cinéma n'est pas exclusivement affaire de paquets de pognon. (...) El Mariachi force le respect. Au détour de chaque plan, on fleure bon l'amour du cinéma..." Marc Toulec, Impact 47 (p.42)
Concernant Desperado :
"Un véritable festival de morts violentes, d'explosions (...) orchestré par l'un des membres les plus doués de la famille Tarantino". Marc Toullec, Impact 78 (p.40)
Suivi de From Dusk till Dawn :
"... personne ne met en doute l'habilité de Rodriguez à diriger des séquences d'action (...) Homme orchestre sur ses tournages (...) il faut le voir courir sur le plateau (...) Rodriguez ne manque pas d'énergie" ; "L'amateur de film d'horreur bien saignant n'a plus pris autant son pied depuis Braindead. Une date !" Didier Alouch, Mad Movies 101 (p. 27 et 28)
Arrive The Faculty : Christophe Lemaire trouve le film plutôt sympa dans l'ensemble
"Naviguant sans cesse entre la nostalgie d'un cinéma fantastique disparu et une réactualisation du genre sous forme de pastiche, The Faculty reste très plaisant à suivre. Les plus indulgents (comme moi) pardonneront les fautes de goûts ou les sautes de rythme pour se laisser aller aux séquences gore en image de synthèse ou pour admirer le cabotinage d'un casting composé de quelques trognes d'enfer...". Christophe Lemaire, Mad Movies 119 (p. 36).
Mais c'est aussi dans ce numéro que la rumeur arrive... ouvertement propagée par Rafik Djoumi qui depuis n'a cessé de taper sur le même clou, faisant de Rodriguez l'une de ses têtes de Turc. Voyez plutôt le titre de son texte sur The Faculty
"Un cancre chez les E.T."... suivi par
"une sale rumeur, largement colportée, veut que Rodriguez soit plus préoccupé par sa Nintendo que par les films qu'il tourne, chose étonnante pour celui qui, à l'époque d'El Mariachi et Desperado était présenté comme le self-made man qui en veut (...) Affalé dans un canapé, la voix éteinte et lente à la Philippe Seguin, gribouillant sur son dessous de tasse, il s'explique (lentement) sur quelques points qui nous rendaient perplexes". Rafik Djoumi, Mad Movies 119 (p. 35). A noter la note de 1/6 de Rafik dans l'avis chiffré (= très mauvais). En résumé il dit que c'est une rumeur, et comme il interviewe Rodriguez un jour où ce dernier est "éteint", il entérine la rumeur par l'écrit. On connait le talent du journaliste et son charisme persuasif. Disons le clairement - et je l'adore - mais quand Djoumi parle, on l'écoute : il a cet aspect un peu gourou auprès de ses camarades journalistes.
Plus tard, dans le Mad Movies 125 (p.62) Djoumi remet le couvert pour la critique video de Une nuit en enfer 2 :
"(...) Full tilt boogie, document étonnant qui nous en apprend beaucoup (voir trop) sur les coulisses d'un tournage qu'on imaginait plus studieux. Pour tous les anti-Rodriguez, Full Tilt Boogies est l'argument définitif".
Dans Impact 78, Djoumi dresse le portrait de Salma Hayek en page 36 :
"Histoire de rappeler au réalisateur qu'il serait peut-être temps qu'il lâche la console Nintento qui squatte ses plateaux pour s'occuper de sa vedette."
Voila, c'était fait, là, en quelques numéros de Mad : Rodriguez est, et sera, ad vitam æternam, un branleur. Puisque Rafik Djoumi l'a dit !
Alors je n'ai pas vu Full Tilt Boogie. Je demande à voir...
Je n'ai pas épluché les Mad et Impact qui ont suivi... mais l'ami Rafik n'est pas du genre à lâcher son os. La (sa ?) rumeur a la dent dure : il suffit d'écouter le podcast NoCiné sur Alita Battle Angel pour s'apercevoir que Rodriguez est considéré comme un mauvais réalisateur, bisseux, nul, etc.

Alors je repose la question : pourquoi James Cameron (Dieu) aurait pris Rodriguez pour mettre en scène ce film ? Peut-être parce que James Cameron n'a pas lu Mad Movies à la fin des années 90 / début 2000. Voilà son erreur...
