Cette semaine, une acalmie meteorologique dans le ciel Dravenien, une sucrerie pour novice.. sur laquelle Eric se penche malgré un lumbago douloureux puisque rien ne lui fut encore consacré apparemment.
Tout fraichement enorgueilli par le succès mondial de Cannibal holocaust, Deodato tentait avec Inferno in diretta de renouer avec ce cinéma-vérité brutal qui venait de le propulser sur les marches de la gloire.
Si à la vision de Inferno in diretta rebaptisé ainsi aprés que Wes Craven à qui le projet avait été confié 4 ans auparavant sous le titre Marimba ait quitté le navire, la déception est vite au rendez-vous, Deocato crie haut et fort qu'il tenta alors de rester fidèle à l'idée originelle de Craven.
Avec cannibal Holocaust et La maison au fond du parc, Deodato s'était alors taillé une réputation dans le monde du cinéma de réalisateur choc, force est de constater que cet Enfer en direct appartient plus au cinéma d'action de série B.
L'histoire nous entraine une fois encore en Amazonie à la poursuite cette fois d'une bande de trafiquants de drogues menée par un redoutable gourou.
Si on excepte la séquence d'ouverture particulièrement alléchante, le fameux massacre sur le radeau laissant présager du meilleur suivi de quelques plans sanglants ( la découverte d'un veritable carnage dans une chambre d'hotel), le film sombre vite dans une routine ronronnante qui finit par quelque peu ennuyer.
Deodato ne retrouvera plus cette violence avec laquelle il débute son histoire et se laisse aller à une mise en scène sans surprise d'où tout suspens est absent. En fait, ce n'est plus ni moins qu'un banal film d'aventures tropicales comme il en pleuvait alors. On suit sans grand interet les peregrinations d'un groupe de journalistes cherchant à démanteler cette fameuse bande afin de décrocher un scoop et se retrouve bien vite au coeur d'une Amazonie qui sert de repère à leur chef.
Deodato reprend donc les bases de Cannibal holocaust, la formule ayant fait ses preuves, mais ici, sans grande imagination ni conviction, Inferno.. ennuie plus qu'il ne passionne.
Le film qui se veut une descente vertigineuse dans le monde impitoyable des trafiquants de drogue s'avère être plus une excursion amazonienne plutot gentille et guère palpitante où rien ni personne n'est très méchant malgré l'envie évidente de Deodato ne rendre ses protagonistes peu sympathiques.
Hormis beaucoup transpirer sous leur crasse, ils sont ici assez quelconque tandis qu'un zeste d'érotisme un rien brutal vient pimenter l'ensemble de façon épisodique. Le Colonel Horne, grand gourou de cette secte, redoutable chef de bande n'est guère impressionnant malgré la volonté de Deodato d'en faire un personnage cruel aux limites de la folie. Ainsi, ses monologues rapellent ceux du colonel Kurtz dans Apocalypse now mais n'en ont ni la force ni la démence.
On remarquera que Deodato a intégré de véritables images d'archives de Jonestown dans lesquelles il fait apparaître un plan de Horne, s'octroyant l'audace d'y figurer lui aussi en cameo.
Seul le personnage de Vlado a quelque chose de réellement detestable donc jouissif pour nous notamment dans ses dialogues par moments fort osés ( You can thank god you're white s'exclame t'il aprés avoir tué le compagnon de Tommy ou Fuck her, Fuck her till she screams s'écrie t'il alors qu'Ana jouée par l'incandescente Forte est donnée en cadeau.. ca, c'est du dialogue qu'on adore

). Sa mort sera un des rares moments réellement brutaux du film et demeurera un grand moment de par sa violence, le corps litteralement scindé en deux.
Comme pour Cannibal holocaust, Deodato tente de dénoncer le pouvoir des médias et de l'image à travers la recherche du scoop du siècle mais de façon assez maladroite ici, sans le fantastique coté choc qu'avait sa predente oeuvre.
C'est ce qui fait cruellement défaut au film. En ce sens, le final qui se veut spectaculaire dans le sens médiatique du terme ne l'est guère à l'écran. La prise d'otages en direct et le suicide du gourou face aux caméras juste avant le massacre qui cloture le film manquent sincèrement de cette folie, de cette intensité qui aurait du les en impregner. Tout cela se noie donc dans le ton général de l'ensemble.
Deodato a échoué dans sa tentative de réitérer le climax de Cannibal holocaust et délivre une petite série B tropicale à petit budget assez oubliable sans être dispensable ou désagréable pour autant mais on aurait pu esperer beaucoup mieux de la part de l'Homme de qui vint le scandale par le passé.
Tourné dans de trés beaux décors naturels du Venezuela, on y retrouvera tout de même avec plaisir quelques gueules du Bis telles que Gabriele Tinti violant la Forte, John Steiner dans la peau de Vlado, la Magnolfi qui faisait là son retour discret sur les écrans après sa descente aux Enfers, la Blount, le jeune Willie Aames

et ses blondes bouclettes échappé de la série 8 is enough, Michael Berryman et Richard Lynch incarnant ce gourou de la drogue.
On n'oubliera pas le cameo de la toujours strabique karen black et en valeureux heros, un plaisir visuel, Leonardo Mann, celui dont le regard fut le seul a pouvoir rivaliser avec le bleu ocean de Franco Nero, Leonardo qui nous foudroya par sa beauté jadis dans une poignée de Westerns et polars, chevauchant ses destriers comme on aurait revé le chevaucher!
Quel casting en fait!!
On mentionnera la belle partition musicale signée Claudio Simonetti qui accompagne le film d'un bout à l'autre.
Le corbeau-gourou qui adore faire le paon devant les cameras!
