Voilà un étrange hybride entre le film d'horreur gothique, le thriller et le giallo.
L'influence gothique se retrouve sutout dans le décor, un vieux château et ses secrets familliaux, ses ornements parfois effrayants, ses longs corridors et ses mystérieux souterrains.
Le décor planté, on fait connaissance avec tous les protagonistes réunis en ces lieux, personnages tous plus dégénérés ou anormaux les uns que les autres, chacun ayant ses propres tares et secrets, portant en eux les germes du vice et de la méchanceté.
Le film peut commencer, lentement, trés lentement. On s'amuse, on sébat tandis qu'une paire d'yeux observe, tapi dans l'ombre. Là où le bât blesse, c'est qu'on sent que Ratti ne sait pas vraiment quelle orientation prendre, quel genre il aimerait privélégier donnant naissance à un curieux film batard dont il jette malheureusement trop vite les cartes, n'entretenant guère de suspens. L'identité du ou des tueurs est donc tout aussi évidente que 1+1=2, la découverte finale ne sera donc guère une surprise.
Mais passé ces défauts, Vices... dégage un charme certain parvenant même à réellement fasciner lors de quelques séquences. D'une part, par la brutalité des meurtres trés ancrés dans la tradition giallique.
L'assassin ganté et muni d'un couteau tue de sang froid, nous gratifiant de quelques plans gore trés réussis dont une poitrine transpercée, une gorge tranchée et surtout ces horribles énucléations, le meurtrier s'emparant des globes occulaires de ses victimes qu'il garde dans un sachet.
Outre ces meurtres cruels, le point le plus interessant du film reste sa galerie étonnante de personnages tous plus pervers les uns que les autres. Ratti semble prendre un malin plaisir à étaler les tares familiales et le vice.
Il y a tout d'abord le vieux baron paralytique, engoncé dans sa chaise roulante et sujet aux crises cardiaques, sa fille Ileana de retour au château avec un groupe d'amis qui se laisse aller à de saphiques ébats impudiques en public avec sa meilleure amie, le Dr Olsen qui épie, surveille et ces deux étranges gouvernants Hans et Berta.
Mais le personnage pivot de l'histoire est le jeune Leandro, fils du baron, qui jadis eut une relation incestueuse avec sa mère. La nuit où il la surpris avec le jardinier, il les tua tous deux.
Aujourd'hui adolescent, on le force à vivre reclus dans une chambre au fond du souterrain dans laquelle il passe son temps à embaumer des animaux et vénérer les yeux de sa mère qu'il a arraché de la dépouille mortelle et garde secretement dans un autel. Muet, il vit sous le joug autoritaire de Hans, de son oncle Rolf qui le terrifie et bat et de la gouvernante qui se donne à lui pour satisfaire ses besoins sexuels.
Plutot mou dans sa réalisation, lent dans son developpement et assez avare niveau érotisme, plus suggestif que demonstratif, Vices.. dont il émane un charme évident se rattrape par son esthetisme, un grand soin ayant été apporté à la photographie et aux décors trés bien mis en valeur.
A la croisée de differents courants, Vices... s'il ne parvient jamais à réellement passioner et surtout être crédible n'en demeure pas moins une curiosité qui se laisse voir sans déplaisir aucun.
On aurait aimer juste qu'il soit à la hauteur des personnages qu'il dépeint et de leur univers où se mèlent inceste, morbidité, nécropohilie, vices et complots.
Niveau casting, le visage de garce de Isabelle Marchal en gouvernante machiavélique, la chevelure neige de la petillante Karol Annie Edel, la Gori est de la partie et surtout O olympien plaisir, le jeune Leandro est interprété par le sombre Roberto Zattini.. Roberto, son visage d'ange tenebreux, ses longs cheveux noirs et ses yeux vert emeraude si bien mis en valeur par Ratti.. Amoureux je fus 85 mn durant!!


ROBERTOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO!!
Le corbeau qui lui aussi est plein de vices!!