L'histoire : Pepe le Moko (Jean Gabin) est un gangster parisien en fuite qui se cache dans la Casbah d'Alger. Il echappe ainsi à la police depuis deux ans mais commence un peu à tourner en rond dans l'etroitesse de la Casbah. Alors que des policiers tentent de le faire sortir de ses bases, Pepe rencontre une jeune femme venant de la Metropole...
Inspiré parait-il du "Scarface" de Hawks, "Pepe le Moko" est tout autant un grand film de gangsters qu'une toile vivante d'un lieu et d'une époque : La Casbah d'Alger dans l'Algérie française.
Car ce qui saute aux yeux lors de la vision du film, ce qui permet aussi de faire qu'on en parle encore 70 ans plus tard, ce qui le différencie d'un autre film de ce genre, c'est bien evidemment la Casbah.
Duvivier lui doit beaucoup dans la réussite de son film, mais il a parfaitement réussi à utiliser cet élement géographique si particulier. Bien qu'entièrement reconstituée en studio pour le tournage, on s'y croirait vraiment. On y croise des gens venus des quatre coins de l'Europe comme c'était le cas dans cette Algérie-là, on fuit la police sur les toits qui se touchent, on observe le Centre ville de haut et de loin, avec son port et la mer comme rêve d'évasion ultime, on se faufile dans ses rues étroites, un peu étouffé, un peu enervé par cette proximité quotidienne et incessante. En un mot : On est DANS la Casbah avec Pepe et tous les autres.
Et comme le reste du film est à la hauteur, on ne s'ennuie pas une seconde. Gabin est d'un charisme monstrueux, à ce titre la scène où il traverse le marché et tous ses étalages, serrant des mains, saluant des gens... est une pure merveille de mise en scène. Les seconds rôles de l'époque auxquels nous rendions hommage il y a peu sont excellents (Charpin, Dalio, etc...). L'intrigue se tient de bout en bout et est même plus complexe que bon nombre de films de cette époque (le film connaitra d'ailleurs 2 remakes américains). En bref, on est en face d'un film qui n'a pas usurpé sa réputation. Un classique.
