Bondieuserie sans pareil, Effroi voit la réincarnation de trois archanges sur Terre afin de vaincre Lucifer qui lui s'est réincarné dans la peau d'un adolescent ténébreux qui entend bien prendre le pouvoir le jour de la Cene.
Sur ce canevas des plus simplistes, Laloggia échafaude un film étonnant, d'un catholiscisme puritain sidérant, une oeuvre religieuse outrancière à tous niveaux agrementée d'un manichéisme tout aussi stupéfiant ampifié par des dialogues theatraux et pompeux.
Voilà bien longtemps qu'un film n'avait pas baigné dans un tel climat religieux.
Effroi devient alors presque un film unique, une oeuvre marginale dans son style. On pense evidemment à The omen mais aussi à Carrie, L'exorciste et même La nuit des morts-vivants même si jamais Laloggia ne cherche à les plagier. Il s'en inspire juste.
Le pré-générique donne d'emblée le ton: un prêtre pourchasse Lucifer dans un vieux château en ruine baigné de lumières bleutées et de brumes vaporeuses avant que le Demon ne finisse empalé par une lance luminueuse dans une gerbe de lumières multicolores, jurant son retour.
On retrouve ce coté quasi surréaliste en 2eme partie de film, la première s'attachant essentiellement à nous faire découvrir Andrew, adolescent fragile dont l'apparence méle attirance et rejet, appuyant ainsi sa double personnalité.
On est face à une structure classique du teen horror film. Andrew est le souffre-douleur de ses camarades obsédés par leur virilité dont l'unique préoccupation est le sexe, la drogue et le rock.
Laloggia n'abandonne pas pour autant ses bondieuseries puisque paralèllement on suit le parcours et la réincarnation des trois archanges dans un embroglio de catholicisme et clins d'oeil bibliques.
La 2eme partie laisse exploser toute la splendeur du film, certaines scénes étant visuellement grandioses comme la reconstitution de la mort du Christ où sous l'effet du Démon, les malheureux christ de théatre subissent les stigmates de la passion, clous et couronnes d'épines s'enfonçant dans les chairs alors que le public affolé se couvre de sang sous les élèments déchainés.
Trés belle aussi est la séquence où Lucifer lève son armée de zombis, morts-vivants putrides sortant de terre et des ruines du château.
Effroi atteint à cet instant une certaine folie mais ce qu'on saluera avant tout c'est le travail sur l'image et l'absolue maîtrise visuelle de Laloggia.
Lors du bouquet final, croix lumineuse, faisceau de lumière, éclairs démoniaque s'associent admirablement bien à l'atmosphère quasi surréaliste des décors baignés d'une étrange lumière bleue et de brumes evanescentes mettant en valeur l'aspect gothique de ces ruines où court Lucifer vociférant, nu sous sa cape noire qui parfois donne l'impression d'ailes.
Cette reconstitution de la Cene est plutôt audacieuse commes les parallèles que tente Laloggia comme la séquence onirique d'amour/viol entre Andrew et l'archange ou lors de la Cene quand le Christ, entouré de ses apotres, bénit le pain et la vin- la chair et le sang- au moment où Lucifer écumant apelle sa horde de disciples putrides afin qu'ils aillent répandre le sang.
Le combat final entre le Demon et les archanges est tout bonnement grandiloquent et diffère des films dont ils s'inspire.
Ici, le mal ne peut être vaincu par l'Homme, seule l'intervention divine peut le détruire. Message simpliste voir naïf, reléguant la sempiternelle lutte du Bien contre le Mal à une échelle non humaine. A la fois courageux et porteur d'espoir, c'est ici la réintégration du Demon au sein des archanges qui suffira à le laver de ses péchés.
Outre ses qualités visuelles, Effroi bénèficie d'une interprétation convaincante dont celle de l'étrange Stefan Arngrim






La définition des archanges, Elisabeth Hoffmann en tête, est tout aussi interessante, Laloggia leur conférant une aura presque naturaliste.
La BO inattendue et ultra moderne mélant les Sex pistols, B'52s et les talking heads tranche avec bonheur avec les décors de ruines d'un autre temps sublimés par l'eblouissante photographie.
Vision presque phantasmatique, Effroi est une oeuvre quelque peu particulière dans l'univers du film de démonologie, salmigondi chretien exacerbé qui est bien plus qu'un simple divertissement.
J'aime ce film injustement oublié ou décrié!
Eric, Archange du vice, réincarné en corbeau calin!
